La situation intérieure du nouvel Etat roumain

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La situation intérieure du nouvel Etat roumain
Dans l’entre-deux-guerres, la Roumanie fait figure de pays agricole arriéré. A titre d’illustration, il suffit de rappeler qu’en 1930, 78,7 pour cent de sa population active travaille dans l’agriculture et à peine 6,7 pour cent dans l’industrie. La caractéristique principale de la structure agricole est le morcellement en exploitations minuscules ou petites dont la part sera encore plus grande à la suite de la réforme agraire de 1921. La petite entreprise prédomine aussi bien dans l’industrie que dans le commerce. Sur le long terme, le développement économique est marqué par la poussée des industries modernes d’extraction (pétrole et charbon), par le développement de la production de fer et d’acier et, partiellement, des constructions mécaniques. Outre les capitaux roumains, des investissements français, belge, allemand – et, dans une moindre mesure, en Transylvanie, hongrois – vont aux grosses entreprises industrielles et aux banques.
Un phénomène propre à l’Europe de l’Est: la structure sociale se caractérise avant tout par le sous-développement économique; les plus larges couches de la paysannerie vivent dans des conditions traditionnelles et arriérées avec un niveau de vie extrêmement bas. Relativement peu développée, la classe ouvrière est concentrée dans des zones géographiques précises et se répartit entre un nombre restreint de branches industrielles. La petite bourgeoisie se constitue d’artisans, de détaillants et d’employés de bureau. L’administration de l’Etat reste sous la coupe des représentants du grand capital et des propriétaires terriens.
Royaume constitutionnel, la Roumanie connaît, jusqu’en 1938, un pluripartisme basé sur l’alternance parlementaire, où les garanties constitutionnelles sont limitées par le retard du développement économique et social. Les années 20 ont vu au pouvoir, avec de courtes interruptions, le Parti libéral que dominait la famille Brătianu appuyée par le gros capital de Bucarest. Pour faire aboutir leur politique économique de modernisation, à laquelle ils attachent l’étiquette de nationale, les libéraux se servent de toutes les formes de corruption, gangrène souvent dénoncée de la vie publique roumaine. Une bonne partie de la bourgeoisie et des intellectuels roumains de Transylvanie soutient le Parti National de luliu Maniu qui, en fusionnant avec le Parti des petits propriétaires, comprenant certains éléments de la petite bourgeoisie transcarpatique, prend en 1926 le nom de Parti Paysan National et devient, par le nombre de ses adhérents, la deuxième force du pays. Prônant une démocratie 624fondée sur la primauté de la paysannerie, ce parti s’érige en principal rival des libéraux. Cependant, après son arrivée au pouvoir en 1928, il ne peut tenir ses promesses d’intégrité de la vie publique et de probité de l’administration, et doit affronter la déception et des larges couches sociales, et de ses propres cadres.
A l’opposé des gouvernements orientés à droite, s’organise, dans chaque province, le mouvement ouvrier: jusqu’en 1920-1921, il conserve son autonomie et maintient, par la suite, ses cadres régionaux. Fondé en 1921, le Parti Communiste Roumain doit, après une courte période de légalité, passer dans la clandestinité, cependant, il marque de son empreinte la plupart des syndicats, qui fonctionnent d’ailleurs sous l’influence du Parti Social-démocrate jouissant d’un statut légal. Il déploie également son activité dans d’autres organisations, tel le Bloc des Travailleurs Urbains et Ruraux dont les membres sont aux deux tiers transylvains. Parmi les membres et les dirigeants de ce Bloc, les ouvriers et les intellectuels hongrois – dont beaucoup ont adhéré au mouvement ouvrier dès avant 1918 ou avaient pris part aux combats de la république hongroise des Conseils – sont en assez grand nombre. En 1924, le IIIe Congrès du Parti Communiste affirme le droit des peuples à l’autodétermination ainsi que le droit à la séparation.* Il précise en outre que, par l’union de différentes provinces, la Roumanie (i s’est transformée d’Etat national en Etat multinational» et en déduit la nécessité de mettre un accent particulier sur le resserrement des relations avec les travailleurs appartenant aux minorités nationales. Plus tard, le parti révoquera cette résolution, mais l’exigence d’une solution démocratique de la question nationale restera jusqu’au bout une caractéristique de sa politique.
Documente din istoria Partidului Comunist din România 1923-1928 (Documents de l’histoire du PCR), Vol. II. Bucureşti, 1953, 258.
Les communistes prennent la tête des combats et rassemblent des travailleurs de toutes nationalités sur le thème de la crise économique mondiale et de ses conséquences. La lutte la plus importante est, en 1929, la grève des mineurs de charbon de Lupény, protestant contre les baisses de salaire et les licenciements. Ce mouvement es réprimé manu militari dans un affrontement qui fait au moins 30 morts. Parmi les victimes, les Hongrois sont nombreux tandis que, dans l’autre camp, la direction de la Société minière de Petrozsény compte, entre autres, des capitalistes de Hongrie, sans oublier ceux qui jouissent, sans y siéger, de la plus-value produite par les mineurs de charbon de la vallée du Zsil grâce à leurs actions. Les communistes sont également, en 1934, les «meneurs» du mouvement des paysans de la vallée du Gyimes, en 1935 de la grève des ouvriers de la tannerie Dermata de Kolozsvár, ainsi que de celle, en 1936, de la manufacture de textiles d’Arad. Ces combats forgent l’union nouvelle des travailleurs roumains et hongrois, phénomène unique et prometteur dans ce climat de haines nationalistes attisées.
Les années 30 voient renaître le nationalisme dont les thèmes sont surtout repris par le mouvement fasciste qui, originaire de Moldavie, ne reste nullement en arrière de ses homologues européens. Amalgamant plusieurs tendances, l’organisation connue sous le nom de Garde de Fer s’érige, après la grande crise économique mondiale, en une force avec laquelle il faut compter. Elle fait feu de tous bois: de la crise elle-même et du retard de la paysannerie spoliée et laissée pour compte par la société des nantis; de la profonde inimitié marquée par les jeunes intellectuels issus du peuple à l’égard aussi bien de 625l’immoralité de la vie publique bourgeoise que des querelles de partis, et enfin, de la xénophobie. L’évolution de la situation internationale, et plus particulièrement la montée du fascisme en Allemagne, ne font que la stimuler. Par l’utilisation, outre la démagogie sociale bien connue du fascisme, du mysticisme orthodoxe – qui compte des adeptes aussi en Transylvanie –, ce mouvement, tout en prônant l’avènement d’un monde plus juste et plus moral, a recours, pour liquider ses adversaires, aux assassinats politiques.
C’est le mouvement ouvrier, sorti renforcé des grèves organisées par les communistes lors de la crise économique, qui combat la droite et le fascisme avec le plus de détermination. Les intellectuels des différentes nationalités se solidarisent avec la lutte des communistes et des sociaux-démocrates, sans pour autant parvenir à stopper la montée du fascisme.
Aux attaques du fascisme européen et roumain la classe régnante oppose une dictature de droite. Le roi Charles II tente de mettre en place un régime autoritaire et d’y rallier l’opinion nationale. Au début de 1938, il chasse le gouvernement d’Octavian Goga – d’ailleurs à caractère provisoire – et met au plébiscite un projet de constitution d’esprit corporatif destiné à sanctionner le nouveau régime politique. Sur 4,3 millions de votants, 5483 seulement osent – dans des conditions d’état de siège – se prononcer contre ce projet, la plupart en Transylvanie. Les partis et les organisations sont dissous, la législation est confiée, au lieu de la représentation nationale traditionnelle, à une soidisant représentation des intérêts, l’administration étant, la plupart du temps, subordonnée à des cadres militaires. Un Front de renaissance nationale, auquel sont intégrées aussi les organisations des minorités nationales, est érigé comme cadre de la vie politique. L’expérience de Charles II – curieux amalgame de fascisme et de néo-nationalisme, de libertés partielles et de mesures de modernisation administratives et économiques – n’est pas sans soutien. Faute de solution alternative, elle est acceptée, en Transylvanie comme ailleurs, par une partie de la bourgeoisie roumaine qui approuve ses mesures draconiennes visant à liquider la Garde de Fer et espère qu’elle saura relever le défi des prétentions hongroises toujours plus fortes à la révision du Traité de Trianon.

 

 

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