La «révolution des reines-marguerites»

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La «révolution des reines-marguerites»
La victoire de la révolution socialiste russe d’octobre 1917 modifia radicalement la situation politique de la partie orientale de l’Europe centrale. Tant qu’il existait une Russie forte, l’Empire des Habsbourg avait la mission historique d’en contenir la poussée. Mais, après la chute de l’Empire du Tsar et vu l’épuisement de l’Allemagne par la guerre, cette mission perdit sa raison d’être. L’avenir de l’Empire à 50 millions d’hommes posait un problème à résoudre.
La proclamation, publiée le 2 novembre par le Soviet des Commissaires du peuple de Russie, appela les peuples de la Monarchie à constituer l’union des peuples libres et l’unité des prolétaires de toutes les nations, dessinant ainsi la perspective d’un bloc révolutionnaire uni. Cependant, la bourgeoisie, s’alignant sur la position de Wilson concernant le nationalisme et l’autodétermination des nations, souhaitait découper l’ancien Empire en plusieurs parties et cherchait à empêcher la formation de l’unité prolétarienne à cette échelle.
L’Entente eut de la peine à se mettre d’accord sur le destin de la Monarchie. Les politiciens français inclinaient à démanteler entièrement l’Empire des Habsbourg tandis que les Anglais et les Américains souhaitaient, dans un premier temps du moins, le sauvegarder. Au printemps de 1918, en raison de la paix séparée de Bucarest, l’Entente semblait considérer comme nul le traité secret roumain de 1916. Cependant, vers l’automne, les premiers ministres anglais et français promirent au «conseil de l’unité roumaine» de Paris d’appuyer l’union de tous les Roumains. Par contre, dans sa réponse donnée le 18 octobre à la proposition de paix de la Monarchie, Wilson jugea important de satisfaire les exigences des Tchèques et des Slaves du sud mais il ne mentionna pas les Roumains.
Dès le début de l’automne, la vie politique fut très animée. Au Reichsrat de Vienne, les Roumains de Bukovine et, à Budapest, les hommes politiques roumains de Transylvanie exigeaient un Etat autonome à l’intérieur de l’Empire. A la suite de sa réunion du 12 octobre, le Comité national roumain tint les propos suivants devant la presse: «… on déclarera que les Roumains de Hongrie n’ont pas d’aspirations à la sécession … ils demandent seulement le droit à l’autodétermination des Roumains en vertu des 14 points wilsonniens».* Au parlement, Vaida-Voevod revendiquait pour les Roumains une «liberté nationale intégrale».
Aradi Hírlap, 12 octobre 1918; Gazera Poporului, 27 octobre 1918.
606La majorité des hommes politiques hongrois de Transylvanie s’attachaient à maintenir l’unité de l’Etat, et étaient seulement disposés à faire des concessions dans les domaines de la langue et de l’administration (nomination d’un ministre roumain). «Il ne saurait être question de céder des comitats [à la Roumanie] et il ne saurait être question non plus de transformer la Hongrie en un ensemble de régions autonomes.»*
OSzK Dép. Manuscrits, Actes Apáthy, Quart. Hung. 2955.
Le 18 octobre, Károlyi et Jászi, représentant une sorte de gouvernement parallèle, négocièrent pour la première fois avec les délégués du comité roumain. Károlyi prit position en faveur d’un plébiscite qui déciderait du sort de la Transylvanie. Le comité voulait avant tout obtenir des garanties que le futur gouvernement de Károlyi consentirait à la convocation d’un grand rassemblement national roumain. Au congrès social-démocrate tenu le 13 octobre à Budapest, le délégué roumain déclarait: «Dans notre propre intérêt, nous appuyons la lutte menée pour le démocratisation de la Hongrie car, si nous obtenons dans ce pays les droits qui nous reviennent, nous ne pourrons plus les perdre, même dans l’hypothèse où nous serions rattachés à un autre pays.»* Dans le même temps, les délégués roumains formulaient une sérieuse réserve à l’encontre du parti national roumain.
Adevěrul, 20 octobre 1918.
L’appel du 26 octobre du Conseil National Hongrois, constitué par la convention des Partis Indépendantiste, Radical et Social-Démocrate, déclara, sur la question nationale, qu’en vertu des principes wilsoniens, l’autodétermination devrait sans délai être accordée aux minorités nationales (e dans l’espoir que ces facteurs … assureront un fondement plus solide à l’intégrité territoriale de la Hongrie»*). Au sein du Conseil National Hongrois, un Comité de Transylvanie fut constitué. Il élit comme président István Apàthy, recteur de renommée européenne de l’Université de Kolozsvár, qui, en raison de son nationalisme, était très mal vu par les intellectuels roumains.
A magyar munkásmozgalom történetének válogatott dokumentumai (Documents choisis de l’histoire du mouvement ouvrier hongrois) V. 7 nov. 1917–21 mars 1919. Publ. par Mme SÁNDOR GÁBOR, Budapest, 1956, 267.
Parallèlement à l’épanouissement de la révolution d’octobre de la capitale, les sociaux-démocrates roumains établirent des rapports, à l’instar de leurs homologues hongrois, avec le parti national roumain. A leur demande expresse, se constitua à Budapest, le 31 octobre, le Conseil National Roumain. En tout cas, le parti national stipula que seuls soient délégués au Conseil des sociaux-démocrates qui v n’empêcheraient pas la prise de décisions», c’est-àdire qui ne s’opposeraient pas au courant national.
Pendant la révolution démocratique bourgeoise, il y eut des agitations en Transylvanie également; les 30 et 31 octobre, des manifestations se déroulèrent à Kolozsvár. Les prisonniers politiques furent libérés et la censure suspendue.
Le gouvernement de Károlyi, porté au pouvoir par la révolution, libéra immédiatement les prisonniers politiques, autorisa la parution des journaux interdits, débloqua la fortune des condamnés, rouvrit toutes les écoles roumaines, consulta les nationalités avant la nomination des nouveaux comes, compléta l’amnistie politique d’une amnistie militaire et organisa des œuvres de secours dans tous les comitats de Transylvanie.
A Temesvár, puis dans la vallée du Zsil, s’établirent des pouvoirs indépendants d’ouvriers et de soldats; des actions révolutionnaires se déroulèrent dans 607les comitats de Szeben, de Bihar et de Szilágy. Les premiers jours du mois de novembre, les unités militaires encore existantes furent dissoutes sous l’effet des mouvements des ouvriers et des soldats, et l’armée, moyen de coercition le plus efficace, cessa de ce fait d’exister. En plusieurs endroits, notamment à Kolozsvár et à Arad, le Parti Social-Démocrate employa des ouvriers organisés pour le maintien de l’ordre.
C’étaient avant tout la révolution de Budapest et les actions ouvrières de la province qui avaient déclenché les mouvements des villages pleins de tension sociale, et la force principale de ces mouvements était constituée par les milliers de soldats fatigués mais d’esprit révolutionnaire qui, les premiers jours du mois de novembre, étaient massivement rentrés des fronts. Le 6 novembre, le comes du comitat de Krassó-Szörény rapportait: «Une foule déchaînée qui, au départ, n’était constituée que de soldats, a petit à petit gagné à sa cause le peuple des villages. Puis, elle s’est tournée contre tous ceux en qui, en raison de leur bien-être, elle voyait son ennemi … On ne pourrait affirmer que cette action ait été un tant soit peu dirigée contre une nation particulière car il y a eu des pillages jusque dans des villages purement roumains.»*
OL Nemzetiségi Ügyek Minisztériuma (Ministère des Affaires des Minorités Nationales), 1918, vol. IX, 27.
Nombre de grandes propriétés et de fermes d’Etat furent attaquées; les ameublements de certains châteaux fracassés et les récoltes distribuées.
«Dans tous les districts du comitat de Kolozs, à très peu d’exception près, se sont produits des actes de négation de la propriété, de bolchévisme et de distribution des terres ou visant celle-ci» – écrivait-on dans un rapport officiel.*
Ibid. 839.
C’était dans les régions plus développées, notamment dans les comitats d’Arad, de Temes, de Krassó-Szörény, et aussi dans les comitats de Bihar et de Kolozs que la lutte de la paysannerie était la plus acharnée. Mais ce mouvement était cependant dépourvu de caractère national. On rencontre assez fréquemment dans les rapports des phrases telles que: «on a chassé d’ici des prêtres et des notaires roumains tout comme on en a chassé dans la Plaine purement hongroise», ou, «en plusieurs endroits, les Roumains et les Hongrois ont pillé ensemble».* Les paysans roumains n’épargnèrent même pas les biens de «leurs propres chefs de file». Ils attaquèrent la propriété de 3 000 acres du vieux président du parti roumain, Gheorghe Pop, celle des Mocsonyi ainsi que les fermes de l’évêché uniate de Nagyvárad. Le politicien et propriétaire foncier Mihali, voulant défendre sa vie ou plutôt ses biens, fit tirer sur les paysans roumains à Nagyilonda.
Erdély története (L’histoire de la Transylvanie) II. Publ. par MIRON CONSTANTINESCU, Bukarest, 1964, 425; Aradi Hírlap, 2-5 novembre 1918.
L’Etat s’avéra impuissant face aux mouvements populaires. La gendarmerie, dont les effectifs étaient faibles, fut contrainte de se replier dans les centres urbains afin de sauvegarder au moins la vie de la troupe. Face à ces difficultés, le gouvernement demanda l’aide des conseils nationaux. En Transylvanie, dès le début de la révolution, une proclamation commune hungaroroumano-saxonne fut lancée, invitant les peuples de Transylvanie «à chercher mutuellement les contacts les uns avec les autres afin de protéger la sécurité personnelle et matérielle». Le 2 novembre, à la suite des négociations du ministre Oszkár Jászi et d’Aurel Vlad, d’Ioan Erdélyi et de Rudolf Schuller, 608représentants des peuples non hongrois de la Transylvanie, le ministre de l’Education ordonna la liquidation de la «zone culturelle». Jászi ajouta encore ceci: «Nous avons commencé par discuter les moyens de maintenir l’ordre et le calme en Transylvanie. Sur cette question nous étions parfaitement d’accord.»*
Aradi Hírlap, 3 novembre 1918.
A l’instigation du gouvernement et des autorités locales, des conseils furent constitués là où le mouvement populaire ne les avait pas créés. Qu’ils fussent conservateurs ou radicaux, les conseils nationaux s’efforçaient également de canaliser les revendications sociales par des slogans nationaux. Les conseils nationaux roumains et le gouvernement hongrois craignaient également pour leur bonne réputation et leur influence face à une épreuve de force éventuelle entre les nations.
La bourgeoisie hongroise était mécontente de la faiblesse du pouvoir central et exigeait que «s’il le faut, le gouvernement ne se refuse pas à proclamer la loi martiale. Cette mesure, s’il l’utilise contre les malfaiteurs qui menacent la sécurité matérielle, n’est pas en contradiction avec la libération sociale».* Les excès et les répressions ont fait nombre de victimes. L’ancienne historiographie a fait état des deux cas les plus connus à des fins de dénonciation nationaliste. Le 6 novembre, les paysans roumains forcèrent quelques magasins fermés à Facsőd et même la salve de la gendarmerie ne put les disperser. Un avion arriva alors d’Arad et déversa des bombes sur la foule. Il y aurait eu 104 morts. Des prisonniers de guerre italiens et des paysans roumains mirent à sac une scierie et un château à Jósikafalva. Quelques jours plus tard, un détachement privé, recruté par le frère du propriétaire, exécuta une vingtaine de paysans et brûla leurs cadavres. Le 12 novembre, la commission mixte envoyée par les conseils nationaux roumain et hongrois de Kolozsvár trouva le détachement toujours en action et ne tarda pas à le condamner.
Aradi Hírlap, 5 novembre 1918.

 

 

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