Les monuments archéologiques de l’époque de la fondation de l’Etat

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157Les monuments archéologiques de l’époque de la fondation de l’Etat
Tandis qu’au Xe siècle on ne connaît – excepté Gyulafehérvár et peut-être Biharvár – les sites ni de l’Est de la Grande Plaine ni de la Transylvanie, au XIe siècle, la population de ces régions vit dans des châteaux forts et des agglomérations dont le nom a survécu jusqu’à nos jours.
Cette époque nous a légué les vestiges spectaculaires de forts qui étaient, aux yeux d’Anonymus, vers 1200, tout naturellement la base de tout pouvoir. A l’en croire, une partie aurait déjà existé avant la conquête et a dû être assiégée par les Hongrois (Szatmárvár, Biharvár, Alpárvár, Gyaluvár), une autre fut construite par les chefs hongrois de la conquête (Szabolcsvár, Csongrádvár). On sait aujourd’hui qu’Anonymus n’a pas fait une erreur de principe (à son époque, d’ailleurs, le château fort était réellement un élément indispensable de l’Etat «moderne»), mais il a péché cependant par une affabulation gratuite. Bien des châteaux forts hongrois du XIe possédaient effectivement une préhistoire. Les uns avaient été construits sur des fortins de terre antérieurs (datant de l’âge du bronze ou de l’âge du fer), généralement sur des sites importants du point de vue géographique ou stratégique; d’autres – exceptionnellement – furent élevés sur les murs écroulés d’une ville romaine; enfin, quelquefois, les Hongrois réoccupèrent et reconstruisirent les châteaux forts des peuples qui, aux époques précédant immédiatement la conquête hongroise, habitaient sur ce territoire (ainsi Bresalauspurc = château de Pozsony, Pressburg, Mosapurc = Zalavár, ce dernier à la fin du XIe siècle seulement, Belgrad = Gyulafehérvár; fortin de terre bulgare de Cernigrad = Csongrád). De ces quatre, Anonymus ne mentionne que le dernier, et encore le compte-t-il parmi les nouveaux châteaux forts construits par les Hongrois. A Alpárvár, Zemplénvár, Titelvár, les châteaux forts de l’époque árpádienne furent construits, au XIe siècle ou encore plus tard, directement sur les ruines préhistoriques. Aucun d’eux n’existait donc au IXe siècle, époque où, selon Anonymus, ils auraient été le lieu de résidence des seigneurs locaux. Dans le cas de Szabolcsvár, Abaújvár, Patavár, Vieil-Aradvár, Vieux-Kolozsvár (Kolozsmonostor), Vieux-Tordavár, (Várfalva), Dobokavár, Sajósárvár et de nombreux autres, des fouilles récentes ont prouvé que les fortins de terre et de bois constituent une construction provenant de la charnière des Xe et XIe, ou du XIe siècle.
Il y «quelques dizaines d’années, les historiens hongrois eux-mêmes ne pouvaient imaginer que les Hongrois» nomades» ou «semi-nomades» eussent construit des châteaux forts. En effet, les châteaux mentionnés par les sources comme ayant fait partie du réseau de comitats royaux des XIe, XIIe et XIIIe siècles n’étaient pas encore mis au jour pas les archéologues qui n’avaient aucune idée ni de leur étendue, ni de leur structure. Ainsi, en marchant fidèlement sur les traces d’Anonymus, ils attribuaient de bonne grâce ces châteaux forts «insignifiants» aux populations antérieures aux Hongrois.
Les sciences historiques s’accordent désormais pour affirmer que le pouvoir organisé dans le cadre de l’Etat médiéval ne pouvait se passer de châteaux forts. On lança donc des «campagnes» (coûteuses et astreignantes) pour mettre au jour les châteaux forts par la méthode moderne. En dehors des frontières actuelles de la Hongrie, on recherche les châteaux slaves-blak(valaques)bulgares-e romains» (francs) figurant dans la Gesta d’Anonymus et on peut dire que l’épanouissement de ces recherches est, en grande partie, dû à cette 158archéologie des «Etats nationaux». Tout aussi bien que sa déformation, puisque ses datations ne sont pas basées sur les couches réelles et leurs matériaux archéologiques, mais sur les écrits d’Anonymus dont les «données» constituent une référence absolue. C’est la figure de «Gelu», chef blak (valaque), tel qu’il a été inventé par Anonymus, qui a inspiré les fouilles de Dobokavár, Kolozsmonostor et Gyaluvár, celle du chef Glad, également crée par lui, qui a présidé aux travaux de Vieil-Aradvár. Malheureusement, cette conception est également responsable du fait que les résultats des fouilles ne furent pas publiés, pour la bonne raison que ces fouilles (et quelques autres du même genre) n’ont produit aucun résultat probant pour le IXe, ni même pour le Xe siècle! En effet, la construction des châteaux remonte à l’époque de la fondation de l’Etat hongrois. Quant à Gyalu, le château épiscopal, qui y existe encore de nos jours et qui fut bâti aux XVe et XVIIe siècles, s’élève directement sur la couche de ruines romaines du IIIe siècle, même pas sur le territoire du castellum romain.
L’origine de l’architecture des châteaux forts hongrois de la haute époque est loin d’être éclaircie. Si par quelques-unes de leurs particularités structurales, les châteaux hongrois s’apparentent aux fortins de terre et de bois d’Europe centrale et orientale de la période comprise entre le Xe et le XIIIe siècles, dans leurs dimensions et leur fonction, ils en diffèrent sensiblement. Du point de vue de leur rôle, ils remontent probablement à des modèles khazars, mais cela demande encore à être confirmé par des recherches ultérieures. Il s’agissait de grands forts à charpente en bois à construction en cassettes, incorporés à de hauts remparts de terre. Exemples en Hongrie Hontvár, Sopronvár, Mosonvár, Abaújvár, Borsodvár, Szabolcsvár, etc. Après leur dessèchement, ils devinrent fort inflammables, un siège ou même une étincelle fortuite pouvaient facilement les réduire en cendres. En raison de la terre rougeâtre des remparts brûlés, on a souvent coutume de les appeler (à tort) «châteaux brûlés» ou «châteaux en terre cuite». Au moment de leur réédification, on était contraint-pour des raisons tenant à leur structure – de rehausser le rempart de terre, dans certains cas jusqu’à deux fois. Cela ne changeait toutefois pas fondamentalement leur capacité de résistance: les Mongols réussirent à prendre d’assaut les forts à charpente de bois russes, polonais, hongrois. C’est alors que leur majeure partie fut abandonnée par les habitants et ce, de manière définitive. Les seuls à ne pas être combustibles étaient ceux dont les murs en bois furent remplacés par des murs en pierre (par exemple, Dobokavár, Biharvár). Néanmoins, au XIIIe siècle, ce type de château devint de toute façon dépassé.
Sur les 40 à 50 châteaux forts de comitat de la Hongrie, il n’y en a que quelques-uns qui aient été construits sur des fondations romaines, notamment Sopronvár (Scarabantia), Győrvár (Arrabona), Visegrád avec un nom slave médiéval et le Fehérvár (Apulum) des gyula. Gyulafehérvár représente un cas unique en son genre dans le bassin des Carpates: au témoignage de cartes militaires datant de 1687 et 1711, il conserva jusqu’au XVIIIe siècle son plan carré de 474 × 474 m, identique au castrum légionnaire romain, ses deux tours d’angle et l’axe de la voie principale romaine (cardo) avec, aux deux extrémités, des portes et des tours de porte construites sur des fondations romaines. Si les murs signalés dès 1574 comme romains se sont conservés (des restes en existent toujours), c’est sans doute en raison de la qualité de la construction et du fait que les mines d’or et de fer des Monts Métalliques ayant été abandonnées, la ville romaine située sur le plateau de la rive droite du Maros, au pied des montagnes, était dépourvue d’intérêt jusqu’au moment 159de la conquête par les Bulgares danubiens. Pour ce qui est des autres forteresses romaines de Dacie, aux dimensions et au plan similaires (Ulpia Traiana, Potaissa, Napoca, Porolissum), trois ne seront plus jamais habitées et, jusqu’à ce jour, on n’a rien construit sur leur emplacement bien que, par exemple, au-dessus de Nouveau-Torda, on ait vu se dresser, jusqu’au XVIe siècle, les murs de Potaissa avec une grande porte flanquée d’une tour et ornée de bas-reliefs. Au Moyen Age, on ignorait même qu’ils étaient d’origine romaine, et les habitants allemands de Vieux-Torda l’appelaient «château de Saxonie». Seul l’humaniste Bonfini pensera – à tort d’ailleurs – que c’était là que se trouvait autrefois la cité romaine de «Salinum». A Kolozsvár, on peut penser à une récupération des parties de mur de l’enceinte du Nord et de l’Est de Napoca, mais la structure de la ville médiévale n’a rien hérité de la ville romaine, à part le decumanus, c’est-à-dire le tracé de la voie principale parallèle au Kis-Szamos.
Les objets les plus anciens qui, dans les châteaux et les sites de Transylvanie, datent de l’époque de la conquête et de la fondation de l’Etat, et renvoient à la colonisation hongroise, sont des vases de type oriental (Saltovo) au col canulé (Doboka, Gyulafehérvár, Alvine, Vieux-Kolozsvár, Malomfalva, Bethlenszentmiklós, ainsi que Biharvár, Csanádvár et Vártelek, à proximité de Meszes), des chaudrons en terre cuite d’ancien type et des objets en métal de la fin de l’époque de la conquête.
Dans les châteaux forts et les nouveaux cimetières ouverts à côté de ceux-ci, on voit tout d’abord dominer le rite funéraire et le costume hongrois qui se sont généralisés au Xe siècle. Le rite, au début, ne reflète guère les pratiques chrétiennes, sinon dans l’orientation ouest-est des morts. Les anneaux de tresses, les bagues, les torques, les bracelets, les pendentifs composés de deux éléments, les boutons de veste survivent inchangés, ou tout au plus avec des modifications insignifiantes. Quant aux morts, ils offrent plus d’une fois les traces d’une thérapeutique considérée comme spécifiquement hongroise à cette époque-là, la véritable ou la pseudo-trépanation du crâne, déjà pratiquée par les ancêtres conquérants.
Les cimetières villageois de la fin du Xe siècle ou du début du XIe siècle sont, selon la notion moderne, les nécropoles ancestrales d’une population à moitié païenne à moitié chrétienne, mais cela ne définit que leur caractère extérieur. En effet, la Légende majeure de Gérard témoigne de ce que le cimetière de chaque communauté qui avait participé à la construction d’une église – la loi II/1 d’Etienne prescrivait que 10 villages devaient construire ensemble une église – fut consacré par les délégués du clergé, qui donnait ainsi son accord à l’utilisation de la nécropole. C’est ce qui explique que l’on ait trouvé, un peu partout dans le pays, des cimetières païens appartenant au bas peuple et ouverts après la fondation de l’Etat (par ex. Déva et Várfalva, utilisés jusqu’au règne de Ladislas Ier). Le véritable changement surviendra après le XIe siècle: en fait, à partir de là, les cimetières et les tombes deviennent facilement datables: jusque dans les parties lointaines de la Transylvanie et de la région de Temes, on trouve, dans les sépultures, des oboles funéraires. Au grand nombre de monnaies d’Etienne s’ajoutent, sans interruption jusqu’à la fin du XIIe siècle, époque de Béla III, les monnaies des rois de Hongrie tout comme partout ailleurs dans les régions de la monarchie árpádienne. A partir du XIIe siècle, le costume devient à la fois plus pauvre et plus uniforme et, à côté des anneaux de tresses et des bagues, on voit apparaître, dans le costume féminin, des épingles en métal servant à fixer le voile (Gyulafehérvár, Csitfalva, Marosvásárhely, Kolozsvár).

160Carte 9. Des sites hongrois de l’époque de la conquête et des rois árpádiens, avec des vases de type oriental à col canulé et des chaudrons en terre cuite, découverts dans la partie orientale du Bassin carpatique
161Dans la première phase de la fondation de l’Etat, pendant les soixante-six ans du règne du prince Géza et de son fils Etienne Ier, une nouvelle couche de «gens armés» (miles) constituée sur un modèle occidental, à partir de l’ancienne escorte militaire, apparaît en Transylvanie, dans la partie orientale de la Grande Plaine ainsi que dans la région de Temes – tout comme dans toutes les autres parties du pays. Les tombes datant de cette époque (Déva), ainsi que les châteaux forts ont livré des épées «carolingiennes» à deux tranchants (Dés, Doboka, Nagyernye, Biharvár, etc.) en une proportion qui ne diffère pas de celle trouvée ailleurs. On y a trouvé de nombreux éperons en bronze ou en fer qui témoignent de la nouvelle manière «chevaleresque» de combattre. C’est à cette époque que la poterie, un des accessoires les plus importants de la vie quotidienne, devient uniforme en ce sens que, dans le courant des XIe-XIIIe siècles, il n’y a pas de différence sensible, par exemple, entre la poterie de Fehérvár en Transylvanie et celle de Fehérvár en Transdanubie. Aux deux endroits, les productions sont des pots du type de Saltovo, bouteilles et chaudrons fabriqués au tour, ornés de traits horizontaux serrés (lignes en spirale exécutées au tour). Les traditions de poteries locales d’avant la conquête, que l’on discernait encore au Xe siècle, s’affaiblissent ou disparaissent; l’archéologie contemporaine peut tout au plus tenter de démontrer ou bien de remplacer leur «survie» en se servant de certaines dénominations (céramique Dridu et Csüged/Ciugud).

 

 

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