Les enseignements de l’histoire des agglomérations hongroises et slaves jusqu’à la grande mutation de la fin du XIIe siècle

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Les enseignements de l’histoire des agglomérations hongroises et slaves jusqu’à la grande mutation de la fin du XIIe siècle
Quelque aléatoires et irrégulières qu’aient été les fouilles archéologiques des cent dernières années, elles n’en ont pas moins permis de retenir quelques faits incontestables concernant l’histoire des agglomérations.
L’extrémité est de la Grande Plaine, allant du territoire de l’Ér au Bas-Danube, avec les vallées attenantes, se distingue de la Plaine elle-même qui la jouxte à l’ouest en ce que c’est précisément sur cette extrémité que se formèrent les centres de l’établissement hongrois et de l’organisation administrative de la haute époque, de Szatmárvár à Orsovavár, en passant par Biharvár, Várad, Zarándvár, Aradvár, Temesvár, et Krassóvár. Il faut imaginer, autour de ces sites, un réseau d’agglomérations encore plus riche et dense qu’au centre et dans le Sud de la région transtibiscine. L’examen des sites archéologiques confirme pleinement que ce ne fut nullement l’effet du hasard si les foyers politiques hongrois du haut Moyen Age, qui rivalisaient avec Esztergom et Székesfehérvár, se sont constitués, au XIe siècle, autour de Marosvár/Csanád et Biharvár.
Les conditions de la Transylvanie historique évoluèrent différemment. Les sépultures de la couche militaire moyenne de l’époque de la conquête permettent de conclure à l’occupation stratégique de la partie occidentale de la région de Mezőség, des bassins majeurs (par exemple, le bassin de Háromszék) ainsi que des deux rives du Maros. Au milieu du Xe siècle, au moment où le danger pétchénègue-bulgare disparaît, le système de défense profondément structuré est supprimé et cède la place à des marches situées tout autour, tandis que la partie occidentale du plateau transylvain est occupée et peuplée de façon définitive. Le premier réseau d’agglomérations hongroises se constitue autour des mines de sel, près des rivières Maros et Aranyos avec, selon toute vraisemblance, comme foyer politique et militaire, Gyulafehérvár. Faute de fouilles, il serait à l’heure actuelle difficile de dire où, en dehors de Gyulafehérvár et de quelques villages de moindre importance de la vallée du Maros et du Küküllő, se trouvaient encore des agglomérations tant soit peu importantes remontant au second ou au troisième tiers du Xe siècle.
La rivière Maros et sa vallée continuèrent à être, après 1003, l’itinéraire et l’artère principale de l’organisation de l’Etat: une des raisons qui suscitèrent la campagne contre Ajtony fut que le commandant de Marosvár s’avisa de percevoir un droit de douane sur les navires transportant du sel pour le compte du roi Saint Etienne; par ailleurs, le transport du sel depuis la Transylvanie vers Arad et Szeged, plus tard seulement vers Szeged, se fera, jusqu’à la fin du XVIe siècle, avant tout par cette voie. L’étude des sites archéologiques nous autorise à penser que c’est seulement vers le milieu du XIe siècle que se constitua, entre Désakna, nouvelle fondation sur le territoire du comitat de Belső-Szolnok en Transylvanie, en passant par la porte de Meszes connue et 175utilisée dès l’époque de la fondation de l’Etat (Vártelek), et Szolnok, près de la Tisza, la voie continentale du sel qui s’appelait – et cela n’est sûrement pas le fait du hasard – Királyura (Voie royale). Au témoignage négatif de l’archéologie, la vallée, d’un accès difficile, des rivières Szamos réunies de Dés à Asszonypataka/Nagybánya n’eut aucun rôle important dans l’établissement des Hongrois et des rapports entre les deux parties du pays.
De même, l’absence de vestiges et de toute trace témoignant de la vie humaine exclut que, dans le Nord-Est de la Transylvanie de l’époque árpádienne, il existât une population nombreuse, et de surcroît autre que slave ou hongroise. Les chartes du XIIe et du XIIIe siècles décrivent la partie nord-est du Szilágyság et le Máramaros comme une immense forêt royale. On n’y a trouvé aucune trace des prétendus Roumains «autochtones» surgissant dans les chroniques moldaves des XVIIe et XVIIIe siècles (Miron Costin, Dimitrie Cantemir), autochtones qui se seraient cachés là depuis l’empereur Trajan, jusqu’à Dragoş au XIVe siècle!
Le trajet Sebes–Körös–Királyhágó–Kis-Szamos, bien que connu dès la conquête, n’eut, du point de vue de l’histoire des agglomérations, qu’une importance secondaire par rapport à la voie principale de la vallée du Maros. La preuve en est fournie par la fréquence et la répartition des chaudrons de terre cuite retrouvés.
Jusqu’au dernier tiers du XIe siècle, la défense stratégique de la Transylvanie était assurée: au nord par Dobokavár, à l’est par Küküllővár, au sud par Hunyadvár. Autour de ces châteaux forts ainsi qu’autour de Vieux-Kolozsvár et Vieux-Tordavár, le réseau des agglomérations était plus dense. Gyulafehérvár a conservé son rôle central jusqu’à la fin de l’époque. Un des résultats les plus importants de l’archéologie est d’avoir pu démontrer la présence d’agglomérations slaves avant la conquête hongroise aux endroits même où la linguistique admettait déjà, sur la base de noms géographiques slaves, la survie des Slaves de Transylvanie jusqu’aux XIe et XIIe siècles.
A partir du dernier tiers du XIe siècle, la défense du territoire central fut assurée par les villages des gardes-frontières transférés de Hongrie sur les terres qui, plus tard, allaient devenir celles de Saxons. Les villages s’agglutinaient derrière et autour de fortins de terre et de bois plus ou moins grands. Sur l’ensemble du territoire ainsi occupé on assiste, à l’époque de Ladislas Ier et de Coloman, à la mise en place de l’organisation des églises de village. Dès cette époque, on trouvera des églises catholiques romaines – éventuellement avec des cimetières aménagés autour d’elles – dans des régions autrefois désertes, dans les forêts, en particulier dans la vallée des Küküllő. Les châteaux forts de comes étaient partout des foyers du christianisme. Sur le territoire de Dobokavár, par exemple, il existait, dès la haute époque, deux églises en pierre plusieurs fois remaniées. Ce fut dans le second tiers du XIIe siècle, au moment des premières implantations allemandes qu’on commença à transférer le système des gardes-frontières établi à la fin du XIe siècle, sur la future Terre sicule, où l’apparition des colonies et cimetières nouveaux de cette population a été attestée déjà par des fouilles. Les gardes-frontières étaient des Sicules hongrois (en hongrois: Székely, en allemand Szekler) qui observaient des traditions légèrement dépassées dans le reste du pays; leur rang social est illustré par la richesse de leur costume qui s’apparente à celui des nobles de l’époque.
Le schéma établi par l’archéologie quant à l’évolution du réseau d’agglomérations s’accorde avec celui que les recherches ont tracé, sur la base des dialectes, quant à l’établissement des Hongrois en Transylvanie.
176Le dialecte hongrois de Szatmár, Kraszna, Közép-Szolnok, Bihar de l’Est et Kolozs de l’Ouest (Kalotaszeg) est apparenté à celui des régions situées à l’est de la Tisza et autour de la Haute-Tisza. L’implantation hongroise dans cette région – en majeure partie située en dehors de la Transylvanie historique – s’est effectuée, au témoignage de l’archéologie, au tournant des Xe et XIe siècles, à partir de l’Ouest.
Dans la région de la Terre sicule, on distingue au moins trois dialectes importants. Ses restes sporadiques les plus anciens se rencontrent sur le territoire de Belső-Szolnok, Kolozs du Nord, Fejér de l’Est et Küküllő de l’Ouest: ils semblent être l’héritage des gardes-frontières du XIe siècle, tandis que, dans la partie ouest d’Udvarhelyszék, il s’agit d’un dialecte venant expressément de Bihar. Les trois grands dialectes de la Terre sicule accusent une parenté frappante avec celui du Nord-Ouest des régions frontalières (région de PozsonyMarosszék), celui du Sud (Baranya du Sud, ValkóUdvarhelyszék), et celui du Sud-Ouest (Őrség, ŐrvidékHáromszék, Csík), ce qui prouve qu’il se sont constitués à la suite du transfert à l’Est, au cours des XIe et XIIe siècles, de diférentes «communautés de gardes». Quant à déterminer lequel était le groupe le plus volumineux, c’est-à-dire le groupe éponyme, c’est une tâche qui ne peut plus être résolue aujourd’hui. La population locale était, dans toute la région de la Terre sicule, de souche slave.
Le dialecte hongrois de la région du bassin transylvain est nettement transylvain, différent de tous les autres dialectes hongrois. Cet état de choses ne peut s’expliquer que si l’on admet une occupation primitive à la fin du IXe siècle. Le noyau original s’en situe sur le territoire qui a livré des mobiliers funéraires des conquérants ainsi que les fortins de terre les plus anciens, de Dobokavár à Hunyadvár en passant par Kolozsvár, Tordavár, Küküllővár et Déva. C’est de là que la colonisation s’étend, dès les XIe et XIIe siècles, vers l’Est du Mezőség et, à l’Ouest, vers la région des Fehér-Körös et Fekete-Körös. C’est en gros la région du dialecte musical hongrois archaïque (Mezőség, Enyed, Marosludas) qu’on a délimité récemment à l’intérieur du dialecte musical n° 4 de Transylvanie – en soi-même indépendant et archaïque – étudié par Béla Bartók. Tout cela prouve qu’un des groupes importants du peuple hongrois est présent, de façon permanente dès 895, dans la partie occidentale du bassin transylvain. Du fait de sa situation géographique particulière, il se distingue du grand bloc hongrois – de même que des Sicules établis plus tard sur leur territoire actuel – en ce qu’il a conservé des traits plus archaïques que n’importe quel autre unité régionale hongroise.

 

 

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