Le comitat nobiliaire et la noblesse

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203Le comitat nobiliaire et la noblesse
En Transylvanie, le comitat nobiliaire, en tant qu’organisation autonome de la noblesse, apparut selon le modèle de l’évolution hongroise, mais avec davantage de lenteur. Alors que, en Hongrie proprement dite, les comitats nobiliaires s’étaient substitués, dès avant l’invasion mongole, à l’organisation royale des châteaux, le système des gens armés rattachés aux châteaux était, en Transylvanie, encore intact dans la seconde moitié du XIIIe siècle, si l’on en croit les diplômes qui citent fréquemment les serviteurs armés de Belső-Szolnok, Doboka, Kolozs, Torda, Gyulafehérvár. Si leur intégration à la noblesse s’opéra avec moins de régularité que dans les régions situées plus à l’ouest, c’est probablement parce que la grande transformation sociale coïncida, en Transylvanie, avec une période de profonde crise politique. Cette couche, qui mit un temps assez long à rompre ses liens de dépendance, fut pratiquement emportée par la tourmente des événements. Ses membres sont presque toujours cités, dans les documents, à propos de la vente de leurs biens, les acheteurs étant souvent les descendants des grands clans conquérants du pays (par exemple, des familles Gerendi, Kecsezi, Szentmártoni) ou d’autres nobles d’origine plus incertaine, parfois des ecclésiastiques. Nous ignorons le sort de ces gens de château dépossédés. Une partie d’entre eux réussit peut-être à conserver quelques biens qui lui permettaient de mener une vie de hobereau. Mais la plupart se vit probablement contrainte à se mettre au service de familles nobles fortunées ou de tenter leur chance, une fois encore, dans les nouveaux châteaux forts. Toujours est-il qu’aucune des familles nobles transylvaines du Moyen-Age ne saurait être ramenée avec certitude, à notre connaissance, à un ancêtre serviteur de château.
On peut donc affirmer que, dans les régions plates des comitats de Belső-Szolnok, Doboka, Kolozs et Torda, se constitua, au Moyen-Age, une société nobiliaire assez homogène remontant dans sa grande majorité aux clans de la conquête. S’il y eut une différence entre eux, ce fut du point de vue de leur fortune: certaines familles plus prolifiques virent leurs fiefs se morceler, si bien qu’il existait parfois des villages abritant plusieurs familles nobles qui vivaient dans leurs manoirs et cultivaient leurs terres de leurs propres mains. Même les familles plus opulentes n’avaient, en général, pas plus de dix villages en leur possession, et seulement un petit nombre de gens vraiment fortunés pouvaient faire valoir leurs droits seigneuriaux sur 20 à 30 villages; ceux-ci ne formaient d’ailleurs pas un bloc continu, mais étaient entrecoupés par les biens d’autres familles. Quant aux grands latifundia d’un bloc comprenant 20 à 50 villages, ils se constituèrent sur les limites de cette région peuplée de petite et moyenne noblesse.
Quoiqu’une loi de 1290 décrétât l’organisation nobiliaire des comitats et la justice seigneuriale en affaires serviles, ainsi que l’obligation personnelle de porter les armes aussi bien chez les nobles transylvains que chez les «Saxons qui possédaient, à l’instar des nobles, leurs fiefs personnels»,* l’émancipation de la noblesse progressa en Transylvanie moins vite que dans les autres régions de Hongrie. Au début du XIVe siècle, les nobles transylvains payaient encore un tribut au voïvode de Transylvanie, obligation dont ils furent exemptés en 1320 par le roi Charles-Robert qui voulait ainsi les récompenser pour l’avoir aidé à écraser la révolte saxonne. Quant à leur juridiction sur les 204habitants de leurs fiefs, c’est-à-dire leur plein pouvoir seigneurial, il ne fut admis par le voïvode qu’en 1342, et confirmé par le roi en 1365. Le décret par lequel le roi renonça, à leur profit, à l’impôt dit lucrum camerae, instauré par Charles-Robert, revêt une importance particulière. Le roi leur reconnut, en effet, le droit de percevoir, en contrepartie de leur service armé, cet impôt de 18 deniers par manse servile. Si bien que les serfs transylvains n’eurent désormais de redevance qu’envers leurs seigneurs, à l’exception des Roumains qui continuaient à payer au roi le cinquantième des brebis.
Urkundenbuch zur Geschichte der Deutschen in Siebenbürgen I, Hermannstadt, 1892, 175.
Les tentatives des nobles visant à organiser leur autonomie au niveau du comitat furent moins fructeuses. Même si, au début du XIVe siècle, on vit surgir, en Transylvanie également, des tribunaux de comitat composés de délégués de l’assemblée nobiliaire et de juges des serfs de district (szolgabírô), et si certains comitats prirent, vers le milieu du siècle, l’habitude de convoquer leurs assemblées nobiliaires, les efforts centralisateurs du voïvode l’emportèrent une nouvelle fois. Car, par la suite, ces assemblées de comitat ne furent pas tenues chacune à part, sous la présidence de leurs comes respectifs, mais le voïvode invita les sept comitats transylvains à se réunir (en général à Torda) en une seule assemblée. C’était là qu’on élisait les juges de district, deux pour chaque comitat (et non quatre, comme dans les autres régions du pays). Le voïvode administrait ces comitats de façon globale, comme une seule unité organisationnelle, et il mit ainsi un sérieux obstacle au développement de l’autonomie nobiliaire à l’échelon des unités territoriales. Les nobles de Transylvanie réussirent donc à obtenir les droits et privilèges qui distinguaient, à l’échelle nationale, le noble du non noble, mais ils n’avaient guère la possibilité de faire valoir, face au voïvode, leurs droits collectifs et, par voie de conséquence, leur poids politique. Un facteur négatif, qui agit également dans ce sens, fut le système dit de «familiaritas», qui était une variante hongroise de la clientèle féodale et se propageait en même temps que se constituaient les grands latifundia.
Les gens de condition libre mais peu fortunés choisirent le plus souvent de se mettre au service des magnats, notamment pour faire partie de leurs suites armées, ou pour se charger de la gestion économique de leurs biens. Le magnat les admettait dans sa famille (d’où le nom de «familiaris») et s’engageait à les nourrir et à leur assurer subsistance et protection juridique, tandis que les «clients» leur prêtaient en retour un serment de fidélité. (Mais le seigneur n’avait aucun droit sur le fief de son client, la loi hongroise plaçant sous la compétence exclusive du roi l’attribution ou la confiscation des domaines nobiliaires.) En Transylvanie, le voïvode choisissait en général son vicevoïvode (qui occupait en même temps le poste de comes du comitat de Fehér et était chef du tribunal du voïvodat) parmi ses clients non-transylvains, tout comme les comes des autres comitats, à leur tour, prenaient pour vice-comes un de leurs fidèles personnels. Dans les autres parties du pays, les comes de comitats étaient directement nommés par le roi et choisis parmi les membres des familles de haut lignage. Le poste de comes était lucratif et prestigieux et les membres des grandes familles transylvaines l’acceptaient volontiers, si bien que de larges couches de la petite et de la moyenne noblesses transylvaines se trouvèrent en rapport de «familiaritas» avec le voïvode, ce qui augmenta considérablement le pouvoir de celui-ci. C’est là l’explication du fait qu’en Transylvanie, même les familles aristocratiques les plus fortunées ne pouvaient se mesurer avec le prestige social du voïvode, alors que celui-ci descendait en général d’une famille non-transylvaine et n’avait donc pas de domaines importants en Transylvanie.
205A l’origine de la grande transformation sociale qui permit à la noblesse de s’organiser en tant que force politique autonome, il y avait des efforts conscients des rois en vue de défendre le territoire national. Leurs démarches visaient non seulement la couche des Hongrois libres et des serviteurs de château affranchis ayant l’obligation du service armé individuel et formant, eux aussi, un ordre nobiliaire, mais aussi les communautés sicule, saxonne et roumaine: les souverains accordaient toujours leur appui aux éléments qui semblaient les plus aptes à assurer la protection des frontières. Traditionellement dotée de l’auréole du combattant croisé, la figure du soldat hongrois, confondue avec celle du gentilhomme qui bénéficiait d’énormes avantages politiques et économiques (pleine jouissance de son fief avec travail servile gratuit, exemption fiscale, juridiction directement royale) exerça également sa fascination sur les sociétés sicule, saxonne et roumaine. Les mutations qui s’opérèrent au sein de celles-ci, furent grandement conditionnées par l’impact de ce modèle.

 

 

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