Les Sicules et les Saxons au sein de la noblesse

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Les Sicules et les Saxons au sein de la noblesse
L’organisation sociale des Sicules avait toujours été celle qui se rapprochait le plus de la forme de vie nobiliaire, puisque les deux principaux critères de la condition sicule, à savoir la liberté personnelle et l’obligation individuelle du service armé, étaient également ceux qui définissaient la condition noble. Il en résulta que les Sicules furent, dès le XIVe siècle, pratiquement considérés comme des nobles, y compris hors de leur territoire propre. En 1346, il suffit à un certain Pál Sényői de justifier sa condition sicule pour avoir le droit de vivre en homme libre n’importe où dans le pays. Cependant, en Terre sicule elle-même, le régime ancestral de communauté des biens et d’égalité des droits freinait la promotion individuelle. Il ne permettait pas, en particulier, une pratique qui constituait l’avantage essentiel de la noblesse des comitats, à savoir d’acquérir sans restrictions des domaines à jouissance individuelle où était installée une population réduite à l’état servile. Les plus ambitieux des Sicules tentèrent donc bientôt leur chance en se mettant directement au service du roi et se virent récompensés pour leurs mérites par des fiefs pris sur les domaines de la Couronne déjà en voie de désintégration. Comme ils tenaient également à leur part des biens collectifs sicules, ils s’efforçaient, en général, d’obtenir un fief dans les comitats situés à proximité du territoire sicule. Ce furent les domaines autour d’un château royal et enclavés dans les terres sicules qui passèrent les premiers dans la propriété de cette nouvelle noblesse d’origine sicule. Le roi céda, en 1252, le fief de Szék, situé sur la frontière du Barcaság et du Háromszék, aux ancêtres sicules des familles nobles Nemes, Mikó et Kálnoky qui devaient acquérir plus tard une certaine notoriété. Ces familles, voulant également exercer des droits nobiliaires sur des villages à juridiction sicule, menèrent, entre 1342 et 1366, une lutte acharnée contre les Sicules de Seps, lutte qui se solda par le maintien des terres controversées au sein du territoire sicule. Le château de Bálványos, avec ses villages hongrois et slaves en voie de magyarisation, fut attribué comme fief par le roi, également au XIIIe siècle, à l’ancêtre des familles sicules Apor et Kézdi. Les nouveaux propriétaires firent venir sur ce territoire des serfs hongrois et russes et le placèrent sous l’autorité du comitat. Mais en 1324, les Sicules repoussèrent vigoureusement leurs exigences sur la région de Kászon. 206A proximité de Székelyföld, dans des comitats de Fehér, Küküllő, Torda, Kolozs et Doboka, un certain nombre de familles nommées Székely firent, au cour du Moyen-Age, l’acquisition de biens nobiliaires, soit par attribution royale, soit à la suite de mariages contractés avec la noblesse des comitats. Comme ils avaient toujours leur part légitime des biens sicules, ils possédaient des terres tant en territoire sicule qu’en dehors de celui-ci, ce qui leur permettaient donc d’assumer un rôle public et dans la vie des comitats, et dans celle de la communauté sicule. On rencontre les membres de la même famille tantôt en tant que juges de district d’un comitat, tantôt en tant qu’officiers des Sicules.
Cependant, pour la majorité des Sicules, il n’y avait aucune possibilité de servir comme soldat à cheval et en armure – l’unique forme d’équipement considérée, à l’époque, comme moderne – car ils n’avaient pas les moyens de se les acheter. Leur corps d’arme spécifique demeurait la cavalerie légère. Dans les parties occidentales de la Hongrie, cette technique militaire ancestrale était en voie de disparition, car la technique de combat européenne nécessitait des cuirassiers; aussi, après l’invasion mongole, les rois exigèrentils des communautés qui avaient à l’origine l’obligation du service individuel, de fournir désormais un nombre plus restreint de soldats, mais très bien équipés. Il s’en suivit inévitablement que les catégories exclues du service armé effectif virent leur condition se transformer en servitude et n’eurent désormais d’autre rôle que de fournir les bases matérielles permettant de pourvoir certains d’entre eux en équipement de soldat. C’était en effet le sort réservé aux peuples couman et iazyge (jász), qui s’étaient établis, au cours du XIIIe siècle, dans la plaine située entre le Danube et la Tisza. Si, à l’origine, ils avaient l’obligation individuelle de prendre les armes, ils ne durent plus bientôt fournir au roi que 600 soldats, ce qui perturba l’homogénéité de leur société: la couche des combattants en exercice parvint à réduire le petit peuple à la servitude. Cependant, du fait que les frontières du côté de la Transylvanie furent, pendant tout le Moyen-Age, menacées par des ennemis qui fondaient essentiellement leur tactique sur la cavalerie légère (Mongols, Lituaniens, Roumains, puis Turcs), la technique militaire et l’équipement des Sicules restaient utilisables contre eux. Comme cet équipement plus rudimentaire était également accessible à ceux qui vivaient dans des conditions modestes, chaque Sicule put sauvegarder son droit et obligation de service armé et, partant, sa liberté individuelle.
La société saxonne traversa une crise non moins aiguë, mais son évolution ultérieure prit une direction toute différente. A la différence des Sicules, les Saxons ne partaient pas en guerre individuellement, mais étaient tenus d’envoyer un contingent déterminé de soldats. Les avantages sociaux qui allaient de pair avec le service armé furent donc, chez eux, dès le départ réservés à un certain groupe de la communauté, et plus particulièrement aux gerébs. A la fois juge, autorité administrative et chef militaire, le geréb détenait son poste à titre héréditaire. Ainsi, tout comme chez les Sicules, cette dignité, de plus en plus souvent confondue avec les biens qui lui étaient rattachés, put bientôt être vendue ou hypothéquée. Par ailleurs, le geréb ressentait, lui aussi, les contraintes de la communauté: il devait se soumettre au droit saxon et assumer sa part aux charges fiscales. Il chercha donc, de même que les dirigeants sicules, une promotion sociale plus libre en dehors de sa communauté, dans le monde des comitats. Les gerébs acquérirent des domaines en bordure de la Terre saxonne et les peuplèrent essentiellement de colons allemands qu’ils ne traitaient cependant pas comme leurs égaux dans la communauté, mais comme 207des serfs. C’est de cette manière qu’apparut, en dehors de la Terre saxonne, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, une couche de «serfs saxons».
Sur leurs villages situés dans les comitats, les gerébs exerçaient un droit de possession à la manière des nobles; en fait, beaucoup d’entre eux furent eux aussi anoblis en bonne et due forme par le roi (le premier fut, à notre connaissance, le comes János Latin de Voldorf, d’origine wallone). Mais l’opinion courante les considérait, même sans cela, comme des nobles, tout en les distinguant des nobles de plein droit (1365: nobiles et alii comites). A l’origine de cette distinction, il y avait le fait que les gerébs (et sous ce rapport également, ils ressemblaient aux dirigeants sicules) ne renonçaient pas à leurs biens sur la Terre saxonne ou, plutôt, ils se servaient du prestige et du pouvoir dus à leurs fiefs dans les comitats, pour raffermir leur position dirigeante au sein de la communauté saxonne. Aux XIIIe et XIVe siècles, l’histoire saxonne fut décisivement marquée par le poids accru et la domination quasi illimitée des familles de gerébs. C’étaient eux qui se réservaient toutes les dignités de la municipalité communautaire, s’assuraient le pouvoir militaire et la prépondérance économique; leur mode de vie de soldats et de grands propriétaires, calqué sur le modèle des nobles hongrois, marqua de son empreinte toute la vie saxonne. Les mariages entre les familles de nobles hongrois et de gerébs saxons devinrent de plus en plus fréquents, et ces derniers empruntèrent eux aussi leurs noms de famille à leurs propriétés et, de préférence, à leur fiefs nobiliaires et non à leurs possessions saxonnes, en ne gardant de leur origine saxonne d’autres traces que des prénoms allemands ou l’épithète «geréb». Bien des membres de ces familles saxonnes avaient des charges dans les comitats: vice-comes, juges de district, et un geréb de Vízakna occupa même, au XVe siècle, le poste de vice-voïvode de Transylvanie, puis celui de comes des Sicules. En résultat de tout cela, la société nobiliaire de Transylvanie put absorber ces éléments nouveaux, aux excellentes aptitudes à diriger, sans cependant changer de caractère, étant donné que cette noblesse d’origine étrangère était numériquement beaucoup moins importante et très vite disposée à progressivement se magyariser.
Dans la communauté ethnique des Saxons, on voyait, à la fin du XVe siècle encore, quelques gerébs jouer un rôle dirigeant, mais leur nombre allait diminuant. En fait, l’évolution de la société saxonne avait, entre-temps, pris une direction tout autre et les gerébs ne pouvaient et ne voulaient plus suivre. Sous la pression de la couche moyenne saxonne, qui s’inquiétait pour son égalité des droits, pour l’unité ethnique de la communauté, mais aussi à leur propre initiative, ils abandonnèrent leurs biens à la communauté et partirent s’installer dans les comitats où ils menèrent une vie de noble. Quant à la direction administrative et juridique des sièges saxons, elle passa progressivement aux mains des administrateurs délégués, dits «juges du roi».

 

 

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