Les élections libres du Prince et le coup d’Etat de Gábor Báthori

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Les élections libres du Prince et le coup d’Etat de Gábor Báthori
La leçon la plus claire de la longue guerre qui dura quinze ans fut que les deux grandes puissances intéressées dans les affaires de Hongrie ne parvinrent ni l’une ni l’autre à prendre le dessus. Evidence qui, pendant des dizaines d’années, servit de prémisse à toute décision politique en Hongrie. Par contre, une des conséquences directes de cette situation fut que les affaires intérieures étaient désormais gérées pratiquement sans intervention extérieure. Ainsi donc, à part ses énormes pertes tant démographiques qu’économiques, la liberté politique de la Transylvanie n’avait jamais été aussi large.
Après la mort d’Etienne Bocskai commença une lutte acharnée pour le trône de la Principauté. Beaucoup convoitaient le trône, mais deux candidats seulement avaient de réelles chances aux élections. L’un d’eux, Bálint Homonnai Drugeth, avait été désigné par Bocskai lui-même comme son successeur et l’autre était Gábor Báthori, qui appartenait à la famille des princes du même 296nom. Au départ, ils avaient les mêmes chances, tous deux avaient d’atouts et de points faibles. Tous deux étaient jeunes, nobles, bons soldats, jouissant d’une certaine célébrité parmi leurs contemporains.
Aux yeux des Ordres de Transylvanie, c’était justement ce à quoi ils se référaient qui leur portait préjudice, car ils mettaient ainsi en danger le principe de la libre élection du Prince. Le choix de Bálint Homonnai aurait signifié l’acceptation de la volonté de Bocskai. Tandis qu’avec un nouveau Báthori, c’était le pouvoir dynastique d’une famille qui constituait une menace. De plus, Homonnai recevait l’aide de l’extérieur puisque Constantinople l’avait officiellement accepté en tant qu’héritier de Bocskai. Ce fut justement pour cette dernière raison que la majorité des hommes politiques de Transylvanie s’opposèrent à lui. Après la guerre de Quinze ans, pendant laquelle ils s’étaient, non sans raison, sentis comme les jouets des forces extérieures, ils aspiraient à décider souverainement du sort de la Principauté.
C’est ainsi que Sigismond Rákóczi devint le candidat de la Transylvanie, lui qui, depuis 1605, était gouverneur par la volonté de Bocskai. Les contemporains ne le considéraient pas comme un grand homme d’Etat mais, malgré les apparences, il était doté d’un réel talent. Il faisait partie des rares personnes qui, au tournant des XVIe et XVIIe siècles, profitant au maximum des possibilités qui se présentaient, se hissèrent de la classe des petits nobles jusqu’à l’aristocratie. A l’époque où il était devenu gouverneur de Transylvanie, il vivait à Felsővadász, dans le Royaume de Hongrie, qu’il quitta avec sa riche épouse et ses deux jeunes fils pour occuper son poste. Tout de suite après son arrivée en Transylvanie, il avait concentré son attention sur les deux voïvodats roumains et sur les domaines du Trésor. Il s’employait à relever le commerce extérieur et à dresser un budget d’Etat quand il apprit la nouvelle de la mort de Bocskai. Automatiquement, il devint un postulant au trône.
Tout compte fait, Rákóczi était désavantagé par rapport à Homonnai et à Báthori, en ce qu’il ne pouvait espérer aucune aide de l’extérieur. Mais, pour les Ordres de la Transylvanie, c’était pour cette raison même qu’il semblait le candidat idéal. Aussi put-il se présenter en tant que candidat des Ordres. Il avait un seul atout réel: il était sur place alors que les autres résidaient hors de la Transylvanie.
Cependant, personne n’avait hâte d’organiser les élections, la Diète avait prévu de le faire après les obsèques de Bocskai. On attendait tranquillement le déroulement normal des événements. Aussi la surprise fut-elle grande quand il arriva une lettre de l’archiduc Mathias. Dans cette lettre, il intima aux Ordres de la Principauté de différer les élections jusqu’à ce que Rodolphe – aux termes de la paix de Vienne – n’ait pris une décision à ce sujet. Cependant, la paix conclue en 1606 ne stipulait aucun droit pour le roi d’intervenir dans l’élection du Prince. Ainsi donc, la lettre de l’archiduc Mathias apportait l’évidence que, avec les accords de 1606, le gouvernement de Rodolphe ne considérait pas l’affaire de l’indépendance de la Transylvanie comme close.
Cette tentative d’intervention provoqua une réaction: le 12 février 1607, la Diète élit comme Prince Sigismond Rákóczi. Cette élection constituait un fait accompli. Il semblait que les accords de 1606 prirent réalité; la Transylvanie, de nouveau indépendante, avait réussi sa première action d’autonomie. Il est vrai que l’accession au trône de Rákóczi devait provoquer, à l’extérieur de la Principauté, une vague de protestations, mais il ne rencontra cependant aucune difficulté sérieuse.
Même Constantinople, qui avait essuyé le plus grand affront, n’avait pas 297tenté de représailles. En effet, au moment même où Rákóczi était élu Prince de Transylvanie, l’aga Mustapha se trouvait déjà à la frontière pour remettre à Homonnai, de la part du Sultan, l’athnamé et les insignes de Prince. D’après les contemporains, Rákóczi le suborna; de toute façon, craignant les représailles, il proposa au Grand vizir, Mourad pacha, contre la reconnaissance de son titre de prince, les deux châteaux forts de Lippa et de Jenő qui, au cours de la guerre de Quinze ans, étaient retombés aux mains des Transylvains. Mais la Porte répondit d’une façon étonnante. Mourad refusa d’accepter les châteaux, et la lettre qu’il écrivait à Rákóczi lui laissait, pour l’essentiel, les mains libres à condition de préserver la paix.
Eviter la guerre, c’était en effet l’objectif majeur de la politique du Royaume. Il est vrai que ses hommes politiques ainsi que les conseillers de la Cour avaient, avant l’élection de Rákóczi, d’abord soutenu Homonnai, puis Báthori. Néanmoins, ils ne décidèrent aucune action militaire exprimant leur désapprobation de l’élection de Rákóczi. Ils tentèrent de changer à la situation transylvaine en entamant des négociations en vue d’amener le Prince à renoncer au trône.
Sigismond Rákóczi et les politiciens de Transylvanie refusèrent d’abord toute négociation; puis la volonté de conserver la paix les y contraignit finalement. La raison principale en était l’attitude des haïdouks qui, après la guerre de Quinze ans et la mort de Bocskai, se virent écartés de la scène politique. Leur mécontentement, depuis 1606, accompagnait toujours les événements politiques. Pourtant le pays, qui tremblait à la seule idée d’une guerre, ne prit aucune mesure efficace pour les tranquilliser. Il ne s’agissait pourtant pas de grand-chose: leur exigence essentielle était une solde équivalente à 45 000 florins. Mais, en 1607, il n’y avait pratiquement pas d’argent liquide en Hongrie.
A l’automne de 1607, l’impatience des soldats aboutit à la constitution d’un mouvement sous la conduite d’András Nagy, général des haïdouks. Ses hommes allèrent même trouver Ali, le pacha de Buda. Ils déclarèrent que tant que les clauses de la paix de Vienne ne seraient pas respectées, ils ne déposeraient pas les armes.
En décembre 1607, les haïdouks soulevèrent l’idée de choisir, en la personne de Bálint Homonnai, un roi national. Mais le jeune seigneur était déjà fatigué de tous ses vains efforts pour devenir prince, et il se cachait littéralement afin de ne pas rencontrer les délégués des haïdouks. Cependant, les haïdouks ne s’apaisaient pas. Sans but précis, ils étaient comme un explosif traînant par terre: ils étaient prêts à se mettre au service de quiconque.
Ce fut finalement Gábor Báthori qui prit conscience de cette arme potentielle. De manière machiavélique, il négocia, pendant toute l’année 1607, des mesures à prendre contre les haïdouks puis, en février 1608, il signa un pacte d’alliance avec eux, à la suite de laquelle le général András Nagy et le capitaine János Elek déclarèrent qu’ils attachaient leur sort à celui de Gábor Báthori, qu’ils s’associaient à lui pour le mener jusqu’au trône de Transylvanie. Ils lui demandaient, en contrepartie, de soutenir la religion calviniste et de faire d’András Nagy le second personnage de Transylvanie après lui, tandis que Máté Foktüi, le prédicateur des haïdouks, recevrait des terres et serait nommé parmi les seigneurs du Conseil et enfin que Gábor Báthori établisse les haïdouks sur le territoire entre Várad, Ecsed et Kálló.
Le chemin qui menait de l’accord signé avec les haïdouks jusqu’à l’élection n’était pas long. Ce fut le 5 février 1608 que le traité d’alliance fut signé et, dès le 7 mars, Gabriel (Gábor) Báthori fut le nouveau Prince de Transylvanie. 298Tout cela sans un seul combat. Báthori s’imposa avec, derrière lui, l’unique force militaire du pays, et les Transylvains, qui redoutaient celle-ci, se rendirent. Sigismond Rákóczi abdiqua.

 

 

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