Le Prince compétent

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Le Prince compétent
Ayant à sa tête Gabriel Bethlen, la Transylvanie vit remplacer le désordre, la légèreté irresponsable par l’ordre et la clairvoyance. Il n’y a guère de contraste plus criant qu’entre ces deux personnalités: Báthori était comme une lame d’acier luisant, un bel homme galant qui séduisait tout le monde, même ses ennemis tant qu’ils restaient près de lui mais, une fois éloigné, on se hâtait de réviser sa sympathie subite. Bethlen, plutôt trapu, ankylosé par ses blessures reçues dans les batailles, n’était physiquement guère attrayant, bien qu’ayant à peine 33 ans; mais il inspirait des sentiments plus durables. Le comportement de ses proches témoignait plutôt le respect que l’amitié à son égard.
Ses ennemis, qui étaient nombreux, le haïssaient férocement. Lui-même attachait peu de prix à l’opinion des gens et ses rapports personnels n’étaient pas fondés sur les sentiments éphémères. C’était justement pour cette raison qu’il était capable de coopérer avec tout le monde. Il ne se laissait pas guider par la subjectivité dans le choix de ses collaborateurs.
La famille de Gabriel Bethlen avait fait son apparition sur la scène politique de Transylvanie comme partisan de la reine Isabelle. Son père était déjà conseiller du Prince Sigismond Báthori. A treize ans, Gábor Bethlen, orphelin, se retrouva à la cour de Sigismond Báthori à Gyulafehérvár. Nous ne savons rien de ses études, ni des influences qui ont pu former son talent. Toutefois, ses activités antérieures à son règne avaient déjà révélé deux aspects caractéristiques de son attitude. L’un s’était manifesté au cours de la guerre de Quinze ans aux côtés de Mózes Székely: il excellait sans fléchir dans l’exécution de toutes les tâches du moment. Si cela était nécessaire, il devenait diplomate ou commandant d’armée. Il savait parler aux gens soit individuellement, soit devant une foule, s’il fallait les haranguer. Il avait une certaine facilité à saisir les événements, les relations humaines ou la situation sur un champ de bataille. Cette polyvalence restait le côté essentiel de son talent.
D’autre part, il faisait, dans ses actes, toujours preuve d’une grande impassibilité. Non pas que, selon les critères actuels, il eût été réaliste dans ses objectifs. Tout comme la plupart de ses contemporains, il avait plutôt tendance à s’éloigner de la réalité. Quand il s’agissait de diplomatie, il ne tenait pas toujours compte des faits. Son objectivité se manifestait au moment d’exécuter un plan et il ne laissait alors en rien dévier son attention vers un autre point de vue secondaire. En fonction de ses convictions, il déterminait 306les moyens permettant de réaliser son idée et il les utilisait sans le moindre scrupule.
Pendant toute sa vie, il garda cette impassibilité, mais cela apparut de façon particulièrement manifeste dans ses efforts pour accéder au trône. Bethlen n’organisa pas son parti en Transylvanie, il n’avait guère cure du roi, ni du Royaume de Hongrie, ni même de l’opinion publique du pays. Il se tourna vers la Porte car il savait que c’était là que le sort de la Transylvanie se décidait. Même plus tard, il n’eut pas de regrets. Il n’y a aucune donnée prouvant qu’il ait eu le moindre remord pour la destruction causée par les troupes étrangères qui lui permirent de monter sur le trône, qu’il ait tenté de se justifier pour son élection imposée. Il considérait le pouvoir de l’Empire ottoman en Transylvanie comme une réalité objective indiscutable.
Cependant, malgré sa politique pro-turque réaliste et conséquente, ses rapports avec Constantinople lui causèrent des moments fort pénibles. Pour la confirmation de sa qualité de Prince, la Porte exigeait la remise de Lippa et de Jenő: en fait, elle attendait de lui la réalisation de promesses faites par d’autres. Offerts aux Turcs par Sigismond Rákóczi, les deux châteaux forts avaient été à l’époque refusés, Báthori non plus n’avait pas dû les rendre. Mais, en septembre 1613, on annonçait que Skander pacha avait amené ses troupes à la frontière. Après avoir intronisé Bethlen, il allait récupérer les deux forteresses en question.
Cette exigence plaçait Bethlen dans une situation fort délicate. Avec Jenő et Lippa, des territoires fort étendus avaient été libérés de la domination turque, avec une importante population hongroise. Maintenant, il fallait décider de leur sort. Mais, de toute manière, il fallait éviter l’attaque de Skander.
Dans cette situation critique, le Prince entreprit une manœuvre compliquée, il négocia, joua de toutes ses relations avec la Porte. Il ne dut finalement céder qu’à moitié. Il put conserver Jenő, mais dut remettre Lippa. Gabriel Bethlen se décida pour ce dernier car c’était ce château qui se trouvait le plus proche du territoire occupé et avait une population imposable moins importante. Même ainsi, il dut le reprendre à ses propres soldats, en 1616, avant même que les Turcs fussent arrivés. Il tenta de réparer cette injustice en faisant installer les soldats à Vaja et en leur octroyant les libertés accordées aux haïdouks.
En cédant Lippa aux Turcs, la Transylvanie est arrivée à l’étape la plus humiliante de son histoire: elle allait continuer à vivre livrée au bon plaisir de la Porte. Si Gabriel Bethlen était mort à ce moment-là, il aurait pu être considéré comme l’un des plus sinistres personnages de l’histoire de la Transylvanie. Mais, comme cela ne fut pas le cas et que son règne dura encore seize ans, il put s’ériger parmi les grandes figures de l’histoire de la Transylvanie et de la Hongrie.

 

 

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