La politique d’équilibret l’alliance franco-transylvaine

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La politique d’équilibret l’alliance franco-transylvaine
Malgré l’échec de la guerre internationale contre les Turcs de 1664, Apafi et son entourage ne se trompaient pas en constatant l’affaiblissement de la puissance ottomane. Ils étaient convaincus que la Hongrie serait tôt ou tard libérée, mais au prix d’efforts beaucoup plus lourds qu’on ne l’avait jusque-là pensé. Adoptant une vue très large de la situation européenne, Apafi était 350décidé à préserver les forces de la Principauté et à mettre en jeu des instruments modernes permettant de renforcer sa souveraineté. Il réussit à conduire une politique d’équilibre entre l’Empire ottoman et celui des Habsbourg, si bien que, tout en se consacrant à la cause de la survie du Royaume de Hongrie, il parvint à établir la stabilité intérieure et à développer, en profitant de la nouvelle donne politique internationale, les relations extérieures de la Principauté. Il s’entourait d’hommes politiques érudits de marque: le vieux chancelier János Bethlen, Mihály Teleki, conseiller depuis 1670, le commandant de Kolozsvár Dénes Bánffy, chargé aussi de missions diplomatiques, puis le jeune Miklós Bethlen ainsi que d’autres, plus particulièrement de jeunes intellectuels nobles et bourgeois, souvent nourris des idées de Descartes, et imprégnés des traditions diplomatiques du petit pays envoyant ses agents depuis la Porte jusqu’aux principautés allemandes en passant par la Pologne.
Il jeta les bases d’un énergique pouvoir centralisé en adoptant toute une série de réformes économiques fondées sur des prêts à l’intérieur, sur une politique commerciale ouverte et sur des entreprises du Trésor, aussi bien que des réformes militaires servant la modernisation de l’armée, la mise en pratique de toutes ces dispositions devant être contrôlée par une Diète fréquemment convoquée. En dehors des délégués des trois «nations», Apafi fit également siéger à la Diète l’évêque de l’Eglise orthodoxe, représentant de la seule institution roumaine de Transylvanie. Même si aucun document ne mentionne que l’évêque ait pris la parole dans l’assemblée, cette innovation d’Apafi reste néanmoins capitale dans la mesure où le Prince, pour la première fois dans l’histoire, offrit un forum politique aux Roumains de Transylvanie.
Les nouvelles conditions politiques auxquelles le Royaume de Hongrie devait faire face après la paix de Vasvár nécessitaient la réorientation de la politique transylvaine. Les principaux dignitaires de la Hongrie – le grand sénéchal Ferenc Nádasdy, le ban de Croatie Péter Zrínyi, l’archevêque György Lippay et, à leur tête, le palatin Ferenc Wesselényi – étudiaient en commun les moyens de préserver le pays. L’accord turco-habsbourgeois interdisait aux Hongrois jusqu’aux luttes défensives, alors que les troupes des garnisons turques ravageaient régulièrement le Royaume, imposant de lourds tributs et rattachant parfois à leur Empire des territoires aussi étendus que la moitié d’un comitat. Wesselényi et ses amis firent entrer dans leur conspiration le fils de Georges II Rákóczi, François Ier, élu prince héritier dès 1652, à l’âge de vingt ans, qui s’était converti à la religion catholique après la mort de son père et qui vivait avec sa mère, la Princesse Zsófia Báthori, dans leurs domaines familiaux de la Haute-Hongrie, la plupart du temps dans ses châteaux de Sárospatak et de Munkács, ce dernier constituant un poste de liaison entre la Transylvanie et la Pologne. Après de vaines tentatives auprès des Français et des Polonais, Wesselényi chercha à resserrer les liens avec le Prince Apafi. A la réunion de Murány (été 1666), où la Transylvanie était représentée par Mihály Teleki et Miklós Bethlen, on négocia également le tracé des frontières, après le refoulement des Turcs, entre le Royaume et la Principauté. En attendant, la palatin et ses amis ne voyaient pourtant pas d’autre moyen de prévenir la destruction complète de la Hongrie que la conclusion d’un accord avec la Porte qui, contre un tribut annuel assez élevé, garantirait la sécurité du reste du pays. Après 1666, Apafi mit à la disposition des dignitaires de Hongrie son excellent appareil diplomatique pour chercher les contacts avec les Turcs. La Porte fit la sourde oreille: retenu par le siège de Candie, désireux d’éviter tout conflit avec l’Empire des Habsbourg et observant scrupuleusement les dispositions des clauses secrètes du traité de Vasvár aux termes desquelles il 351devait s’abstenir de soutenir les ennemis de l’autre partie, le Grand vizir Ahmed Köprülü refusa de recevoir le délégué des conspirateurs hongrois. Après la prise de Candie, en 1669, qui lui permit de consolider sa domination sur la Méditerranée orientale, Köprülü se prépara à l’attaque de la Pologne et conclut un nouvel accord avec la cour de Vienne afin de s’assurer la paix en Hongrie et, par là, la sécurité du commerce entre l’Empire ottoman et celui des Habsbourg. Après la mort du palatin Wesselényi, homme de pondération, la cour de Vienne eut tôt fait d’en finir avec la souveraineté hongroise déjà réduite. Les tentatives de résistance locales et le soulèvement dirigé en Haute-Hongrie par François Ier Rákóczi furent réprimés par les armées impériales. Arrêtés et accusés de conspiration et de tractations secrètes avec les Turcs, le grand sénéchal Nádasdy, le ban de Croatie Péter Zrínyi et son beau-frère Ferenc Frangepán, le grand seigneur styrien Erasmus Tattenbach et Ferenc Bónis, un des chefs de file de la petite noblesse hongroise, furent traduits en justice et exécutés (1671). La constitution du Royaume fut suspendue, et on congédia les garnisons hongroises (environ 10000 soldats) des places fortes qui protégeaient les frontières pour les remplacer par des troupes impériales. L’autonomie intérieure des villes fut supprimée; les pasteurs protestants durent comparaître devant un tribunal d’exception institué à Pozsony. Soupçonnées de trahison, maintes familles de la petite noblesse de Haute-Hongrie furent, entre 1670 et 1674, réduites à la mendicité. La Transylvanie d’Apafi réussit cependant à conserver sa souveraineté: malgré tous les avatars, la Principauté sut éviter de devenir un instrument entre les mains de la Porte ou de la cour de Vienne. Incarnant, à elle seule, la souveraineté hongroise, la Transylvanie offrait un asile sûr aux persécutés et informait l’Europe de l’évolution de la situation en Hongrie tout en permettant aux soldats, serfs, petits nobles fugitifs s’étant cachés dans le Partium de s’armer et de faire des incursions contre les garnisons impériales.
Le secret de la fructueuse politique d’équilibre d’Apafi résidait dans son habileté à nouer des relations de type nouveau avec l’étranger. Il s’entendit avec les Polonais et se concilia les voïvodes de Moldavie et de Valachie qui lui écrivaient d’ailleurs la plupart du temps en hongrois. Avec les Provinces Unies, l’Angleterre, les princes allemands et la Suède, il parvint progressivement à développer ses relations culturelles et politiques greffées sur de solides contacts ecclésiastiques. Par un contrat conclu avec Léopold Ier, il régla les rapports entre la Transylvanie et l’Empire. Apafi avait prévu le déclenchement du conflit franco-impérial et, reprenant l’arsenal politique hongrois traditionnel qui exploitait cet antagonisme depuis Péter Pázmány et Miklós Zrínyi, et en particulier dans la pratique des Princes de Transylvanie, il tira profit avec une rapidité extraordinaire de la nouvelle conjoncture européenne. Il se hâta, par le biais de l’ambassadeur de France à Vienne et des diplomates français délégués auprès du Sultan, ainsi que des Polonais francophiles, de resserrer les liens de sa Principauté avec la France. En novembre 1673, après la victoire retentissante du hetman Jean Sobieski, il donna une suite favorable à la demande du général polonais qui le sollicitait d’accepter, conjointement avec le roi de France, un rôle de médiateur dans la guerre entre la Pologne et la Porte qui avait éclaté l’année précédente. Mais les relations françaises étaient fortement contestées par un groupe de Transylvains, qui exigeait le rapprochement avec les Habsbourg. Un an plus tard, il brisa brutalement leur opposition en faisant décapiter leur chef, Dénes Bánffy.
En mars 1675, l’ambassadeur du roi de Pologne arriva en Transylvanie en compagnie d’un envoyé de Louis XIV, Roger du Fresne Akakia, et l’accord 352préalable entre la Transylvanie et la France fut aussitôt signé à Fogaras. Deux ans plus tard, en mai 1677, le marquis de Béthune, nouvel ambassadeur fraîchement arrivé de France en Pologne, et Dániel Absolon, délégué de la Principauté, signèrent à Varsovie le traité d’alliance franco-transylvaine. La France, en guerre avec l’Empire, s’engageait à verser un subside de 100 000 livres à une armée formée de fugitifs et de soldats congédiés des places fortes frontalières, rassemblés près de la frontière transylvaine, et à soutenir, avec un corps expéditionnaire franco-polonais, une campagne de grande envergure contre les Habsbourg. La Transylvanie devait, pour sa part, fournir un général – Mihály Teleki – qui organisa avec son état-major les opérations de cette armée spontanément surgie et lui assura un territoire de repli. Mais elle refusait d’entrer en guerre ouverte avec le roi Habsbourg de Hongrie. Louis XIV promit cependant de donner satisfaction aux intérêts de la Transylvanie dans les clauses du futur traité de paix avec Vienne, voire de se porter garant, dans l’hypothèse d’une expédition punitive turque, de la sécurité de la Principauté.
Comme l’Empire ottoman, qui venait de faire la paix avec la Pologne, n’était pas en mesure de contrecarrer ouvertement l’action diplomatique transylvaine dirigée vers l’Occident sans risquer de compromettre ses propres relations avec la France, il s’efforça, en appuyant les menées de Pál Béldi, chef du parti turcophile de Transylvanie, de provoquer la chute d’Apafi. Or, le Prince eut tôt fait d’étouffer le complot de Béldi (commandant principal du pays entre 1663 et 1676) et de son groupe.
C’est à partir de cette époque que les fugitifs furent appelés les «kouroutz». D’origine incertaine, ce terme était appliqué, dans la seconde moitié des années 1670, à ceux qui luttaient contre les Habsbourg, pour la liberté des cultes protestants et pour l’indépendance du pays. Les premières entreprises armées n’apportèrent tout au plus que des réussites éphémères, le bon organisateur et diplomate que fut Teleki n’étant pas doublé d’un général de talent. Ceci étant, les fugitifs proclamèrent Teleki, au printemps de 1678, leur «dirigeant suprême», tandis que l’armée eut pour général le comte Imre Thököly, un aristocrate de la Haute-Hongrie âgé de vingt ans qui s’était réfugié, encore tout enfant, en Transylvanie, après l’échec de la conspiration de Wesselényi. Lors de la campagne de l’automne 1678, Thököly fit bientôt preuve de talents militaires tout à fait exceptionnels. Renforcée de troupes auxiliaires françaises et polonaises, sa cavalerie occupa les villes minières de la Hongrie du Nord. Cette brillante opération militaire contribua pour beaucoup au succès de la diplomatie transylvaine, qui obtint que la France fit reconnaître, aux traités de Nimègue, les droits de la Transylvanie. Le poids véritable de l’article 31, qui traitait, sur un ton général, des intérêts de la Principauté, apparaît dans la lettre de Louis XIV à Apafi datée du 8 juin 1679, dans laquelle le Roi-Soleil confirme que conformément aux traités, il a compté la Transylvanie parmi ses alliés. Apafi reçut bientôt l’ambassadeur envoyé par Jean Sobieski, élu roi de Pologne en 1674, mais couronné seulement en 1676 et dépêcha Dániel Absolon, en qualité de chargé d’affaires, à Paris. Voyant la portée internationale des efforts de la diplomatie transylvaine et l’importance des forces armées de Thököly, l’Empereur fit convoquer, après un intervalle de près de vingt ans, la Diète hongroise à Sopron pour y rétablir la constitution hongroise, pourvoir les principales dignités du Royaume et autoriser l’exercice limité du culte protestant. Imre Thököly qui, grâce à ses 20 000 soldats, était en possession d’un territoire étendu, envisageait de créer une principauté indépendante en Haute-Hongrie. Soutenu par les riches bourgeoisies des villes de Eperjes, 353Bártfa, Lőcse, Thököly, qui avait épousé Ilona Zrínyi, veuve du Prince élu de Transylvanie, François Ier Rákóczi, et s’appuyait ainsi sur les immenses domaines des Rákóczi, de même que sur l’autorité traditionnelle des familles Zrínyi et Rákóczi, put singulièrement accroître son pouvoir. Dans ces conditions, la Porte avait projeté d’utiliser Thököly afin de diviser les Hongrois, d’isoler la Transylvanie et de se débarrasser d’Apafi. Après la prise ingénieuse de Kassa, en 1682, elle ordonna à Thököly de rejoindre l’armée d’Ibrahim, pacha de Buda, qui assiégeait le château de Fülek, où le Prince Apafi dut aussi se rendre en toute hâte, à la tête de ses troupes et sous peine d’une expédition punitive turque dont le Grand vizir agitait la menace en cas de désobéissance.
Le château royal de Fülek, qui assurait la communication entre les deux parties septentrionales (la «Basse-Hongrie» de l’Ouest et la «Haute-Hongrie» de l’Est) du Royaume fut finalement occupé, aux prix d’énormes pertes, par le pacha Ali, qui couronna la cérémonie de la victoire en faisant proclamer Thököly Prince de Haute-Hongrie. Il semble qu’Apafi avait prévu les dangereuses conséquences de la politique de division turque et de l’accession de Thököly à l’autonomie, cependant le Prince, d’un âge déjà très avancé, et ses conseillers vieillissants furent débordés par des événements inattendus et ne surent parer à leurs conséquences néfastes.

 

 

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