Population et société

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Population et société
Son incorporation dans l’Empire des Habsbourg apporta à la Transylvanie la paix pour un siècle et demi, tandis que les principautés voisines restèrent pendant toute cette période encore exposées aux guerres, aux campagnes et occupations militaires russes, turques et quelquefois autrichiennes. La «pax habsburgica» eut pour conséquence d’importants changements dans la composition ethnique non seulement du territoire de la Transylvanie, mais aussi des régions environnantes: des mouvements migratoires, déjà entamés auparavant, purent alors prendre de l’ampleur, à en croire les reconstitutions effectuées par les historiens qui, cependant, nous sont encore redevables de l’analyse approfondie et objective de ces phénomènes, aussi difficile que puisse être cette tâche, en raison notamment de l’impossibilité d’accéder aux documents locaux.
Vers 1710, la population de la Transylvanie peut être évaluée à 800-860 000 âmes, chiffre qui devait monter – selon le témoignage des recensements – à 1,5 millions dans les années 1780 et à z millions au milieu du XIXe siècle. Le rythme de la croissance démographique se situait, tout au long du XVIIIe siècle, autour de 0,5-0,7%, pour retomber, entre 1786 et 1850, à 0,45%, tout en atteignant 1% après la grande famine de 1817, c’est-à-dire dans les années 1820-40. Des bonds et des rechutes de la croissance démographique ont peut-être également eu lieu au XVIIIe siècle, par suite notamment des grandes épidémies et famines, et, surtout au début de cette période, d’une migration de plus en plus nombreuse. La peste de 1717-20 emporta prés de 10% de la population. Bon nombre de tenures serviles s’étant, à l’occasion d’une telle épidémie, dépeuplées, il s’en suivit immédiatement une intense migration 400intérieure. S’il y eut, dans la première moitié du XVIIIe siècle, des mouvements migratoires jamais vus auparavant, la raison en était que les territoires de Hongrie, libérés de la domination turque mais fort dépeuplés, aspiraient littéralement la population.
En effet, les propriétaires de la Grande plaine hongroise tentèrent, moyennant d’importants allégements (exemption pour plusieurs années de la corvée et des redevances), d’attirer sur leurs terres, parfois entièrement désertées, les serfs hongrois ou transylvains, si bien que, fuyant la Transylvanie où le sol était moins fertile et plus difficile à défricher, et plus lourdes la corvée et l’imposition, d’énormes masses paysannes, de l’ordre de cent mille, tenanciers ou non, se mirent en route vers la terre des promesses. Ce furent parfois les seigneurs de Transylvanie eux-mêmes qui transportèrent leurs serfs sur leurs domaines de Hongrie. «De nombreux villages sont restés déserts, ou presque», se plaignaient sans cesse les autorités de Transylvanie. Et le souverain ordonna en vain de ramener en Transylvanie les fugitifs passés en Hongrie, «ces grands espaces déserts absorbent les gens au point qu’il nous est impossible même de les retrouver»,* écrit l’administration transylvaine à la Chancellerie. Ces plaintes seront régulièrement réitérées jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.
OL Erdélyi Udvari Kancellária Levéltára (Archives de la Chancellerie Aulique de Transylvanie), Acta generalia 1712:80,137.
Les mouvements ne suivaient pas cette seule direction: la migration se dirigeait également vers la Valachie et la Moldavie, mais dans des proportions nettement inférieures. Pourtant, les territoires transcarpatiques pouvaient eux aussi constituer une source considérable d’attraction. (En Valachie, la densité de la population, dans les années 1810, est encore plus basse que le chiffre transylvain, antérieur de cent ans, qui était de 13-14/km2.) Il y avait également l’attrait des prix des céréales, beaucoup plus bas, et les seigneurs terriens y promettaient eux aussi l’exemption. De plus, les instigateurs à la migration touchaient de bons subsides. Quoi qu’il en soit, si dans la première moitié du siècle les immigrants originaires de l’autre côté des Carpates et s’installant en Transylvanie étaient encore plus nombreux,* dans sa seconde moitié, l’émigration massive au-delà des Carpates fut déjà dénoncée comme un «morbus transylvanicus». Il est vrai que les temps calamiteux une fois passés, bon nombre des émigrés retournèrent en Transylvanie, fuyant à la fois les vicissitudes consécutives aux guerres permanentes en Valachie et Moldavie, et le poids des impôts d’Etat qui n’étaient pas toujours compensés par une corvée moins grande (les seigneurs terriens avaient beau essayer d’augmenter celle-ci selon le modèle transylvain, leurs efforts se brisaient contre la résistance des paysans, qui avaient, justement, pour arme principale la migration).
ANTON-MARIA DEL CHIARO, Revoluţiile Valahiei (Les révolutions de Valachie), Iaşi, 1929, 6.
Aussi la Chambre Aulique de Vienne commenta-t-elle avec désapprobation, dans son rapport au souverain, le fait que les autorités transylvaines avaient accueilli trop de fugitifs venus de Valachie, «étant donné que ces gens sont apparentés ou liés par le sang aux ressortissants valaques de Transylvanie et qu’ils peuvent nouer des liens plus étroits avec ces ressortissants valaques de Transylvanie, ce qui entraîne ainsi des complicités en vue de l’émigration des sujets d’ici, voire même, les réciprocités plus étroites étant fort avantageuses, il n’y a guère de Valaque d’ici qui n’ait été, une fois au moins dans sa vie, en Moldavie ou en Valachie».* A l’origine de cette osmose transcarpatique – une 401forme paysanne de la lutte de classes à laquelle prenaient également part les Hongrois, surtout ceux de la Terre sicule – il y avait l’instinct de survie et l’ambition de recouvrer sa liberté de mouvement. Les historiens roumains s’étant penchés sur cette question soulignent eux aussi que la population roumaine était plus mobile, parce que plus pauvre, et choisissait la migration par «adaptation» à son sort inclément, tandis que les Hongrois optant pour l’errance y étaient poussés par la colère et la révolte.
Hofkammerarchiv, Vienne, Siebenbürgen, r. n° 256. 5 juin 1776.
Dans les années 1780, époque à laquelle beaucoup de Transylvains passèrent dans les Principautés à cause de la disette – pour revenir ensuite, à en croire les rapports des comitats –, un document autrichien qui rend compte de la situation affirme que la cause du «dépeuplement» de la Transylvanie est, outre le traitement brutal que la noblesse impose à la paysannerie, «l’hostilité de la noblesse à l’égard des sujets hongrois-transylvains, hostilité qui vient de leur mécontentement parce que ceux-ci sont moins prêts que les Valaques à se plier, le dos recourbé aux dures contraintes des servitudes». Et les serfs hongrois de Transylvanie de prendre la route soit de la Hongrie soit de la Moldavie. «On peut constater que bien des localités, qui étaient exclusivement habitées, il y a 40 ou 50 ans, par des Hongrois, sont déjà à moitié habitées par des Valaques». Par conséquent, «il ne fait pas de doute que si les conditions présentes sont maintenues, on verra dans un demi-siècle disparaître entièrement les basses couches de cette nation, à moins que les domaines ne soient obligés d’établir dans les villages où on avait déjà établi des Hongrois il y a 50 ans ou plus, à nouveau des Hongrois tout aussi progressivement que les Valaques y étaient amenés …».*
HHStA Ungarn specialia. Transylvanica separata fasc. 362.
Suite à ces multiformes échanges de population, la composition ethnique des différentes régions se modifie progressivement. Au XVIIe siècle, on l’a vu, le Prince Vasile Lupu, désireux de souligner le grand nombre de Roumains vivant en Transylvanie, écrivit que ceux-ci constituaient plus d’un tiers de la population. Dans une estimation gouvernementale datant de 1712-13, on avance les proportions suivantes: 34% de Roumains, 47% de Hongrois et 19% de Saxons-il est vrai que le nombre de familles comptées est invraisemblablement bas: 90 000 seulement. On se demande à quel point la migration intérieure et extérieure a joué un rôle déterminant dans l’expansion saxonne, pour laquelle nous possédons les données les plus sûres. D’après les recensements de l’Eglise, le rythme de croissance démographique des Roumains dépasse en effet de loin celui de l’ensemble du pays: entre 1750 et 1761, il est de 2,7% en moyenne. A cette date, les Roumains sont déjà devenus majoritaires en Transylvanie; leur pourcentage est évalué entre 50% et 60%. A partir des années 1820, le taux de croissance annuelle des Roumains, dans les régions pour lesquelles nous avons des données, n’est pas supérieur au chiffre moyen national. Si bien que, en Transylvanie proprement dite, où l’on ne devait pas, pendant longtemps, procéder à des transferts de population susceptibles de perturber la coexistante normale, les proportions ethniques restèrent plus ou moins constantes: la part des Roumains y était de 57,2% en 1850 et elle n’avait pas changé en 1930, celle des Hongrois passa de 26,8% à 29,1%, tandis que celle des Saxons, c’est-à-dire des Allemands, baissa de 10,5 à 8,3%.
Parallèlement à la croissance démographique, on augmenta également la surface arable; dans les années 1820, la plus grande partie des terres labourables étaient déjà défrichées. Il s’agit d’un développement extensif caractérisé, 402où l’agriculture gagne de plus en plus d’importance au détriment de l’élevage, mais où la basse productivité due aux conditions conduit cependant à une crise de surpeuplement relatif qu’on ne peut surmonter qu’en modifiant le mode de production.
Tableau II. La répartition ethnique de la population de la Transylvanie historique (recensements de 1850/51 et 1930 selon la structure territoriale d’avant 1848)
Ethnies
Les comitats et Fogaras
Terre sicule
Terre saxonne
Transylvanie sans le Pa tium
 
1850/51
1930
1850/51
1930
1850/51
1930
1850/51
1930
Roumains
781 791
1 203 046
54 246
102 167
207 810
320 650
1043 650
16 25 863
Hongrois
159 396
319 613
303 975
440 243
25063
68 288
488 434
828 144
Allemands
49 166
56 887
1 163
2 399
141 425
177 738
191 754
237 024
Juifs
10 644
45 229
1042
10 370
165
9 725
11 851
65 324
Tziganes
41 117
41 750
10 022
11 657
25 244
16 025
76 383
69 432
Autres
6 935
9 638
2 464
1 724
1 544
4 492
10 953
15 854
Total
1 049 049
1676 163
372 912
568 560
401 251
596 918
1 823 222
2 841 641
 
Au début du XVIIIe siècle, la société transylvaine donne l’impression d’un ensemble composite, dont presque tous les éléments sont en mutation. Son intégration dans l’Empire a entraîné des changements considérables, sinon dans la structure fondamentale de la société, du moins dans sa composition. Les Habsbourg, voulant récompenser les services de ceux qui leur étaient dévoués, leur attribuèrent surtout des titres de haute noblesse, mais l’apparition de cette nouvelle aristocratie ne changea pas fondamentalement les rapports de pouvoir. Dans la vie politique de la Transylvanie du XVIIIe siècle, le haut du pavé était tenu non par les hauts dignitaires fraîchement annoblis, ni par l’aristocratie militaire, mais bien par les 6-7 familles qui détenaient des titres de noblesse depuis la fin de l’époque princière. Les charges de portée nationale – gouverneur, chancellier et autres – furent presque exclusivement occupées par les membres de celle-ci. Il n’y eut, outre celles-ci, que les familles saxonnes Seeberg et Bruckenthal qui purent fournir chacune un «homo novus», puisque Samuel Bruckenthal parviendra même, dans la seconde moitié du siècle, à la dignité de gouverneur. On peut faire état, aux XVIIIe et XIXe siècles, de quelque 50 à 60 clans aristocratiques en Transylvanie. Le nombre des familles non imposables – nobles, aristocrates et petits et moyens propriétaires terriens – doit être évalué à 4 000 environ.
La moyenne noblesse put garder sa position en s’assurant un rôle dans la direction des affaires locales, notamment dans l’administration et la juridiction qui se confondaient au niveau des comitats et des sièges sicules. Le pouvoir central fit surtout peser son poids sur les éléments de la petite noblesse menant une vie de paysans libres, quand il soumit à l’impôt tous les nobles ayant moins de trois serfs avec ou sans tenure. Dans les comitats, cela touchait 5 à 6% de la population, en Terre sicule plus de la moitié. On ne pouvait cependant pas priver ceux-ci de leurs droits politiques, ce qui faisait d’eux des supports sûrs du régime nobiliaire, puisque celui-ci leur assurait une condition libre qui les favorisait nettement par rapport aux serfs qui, eux, étaient livrés à la fois à la merci de leur seigneur et de l’Etat.
Fait paradoxal: ce fut dans la vie des communautés, où le féodalisme n’avait pas véritablement pénétré, en Königsboden, que le pouvoir central 403put s’ingérer avec le plus d’efficacité. Dans cette région de paysans libres, la lutte prit parfois des formes aiguës entre Saxons se déclarant autochtones et détenteurs de la direction communale et Roumains qualifiés d’e intrus». L’usage des terres par ces derniers, fut limité à la suite d’un relatif surpeuplement. Les différends s’aiguisèrent parfois jusqu’à chasser les Roumains de plus d’un village, ce à quoi le pouvoir central s’opposa avec énergie. Il n’était en même temps pas fortuit que les villages roumains les plus civilisés se trouvassent dans cette région de Königsboden. Cela était essentiellement dû aux conditions de vie plus libres, mais aussi aux meilleures possibilités de produire pour le marché. Aux environs de Brassó et de Nagyszeben, les villages qui pratiquaient la transhumance connurent un développement dynamique, et la transhumance elle-même, tout comme le petit commerce qui en dépendait, se développèrent au fur et à mesure qu’augmentèrent les besoins manufacturiers en laine, alors même que les pâturages, en raison de l’extension des cultures, étaient en régression. Autour des années 1750, 25% du cheptel ovin taxable, soit un million de bêtes, étaient menés en herbage d’hiver dans les plaines du Bas-Danube; cent ans plus tard, on y conduira encore parfois plus de la moitié du cheptel, qui comprend déjà deux millions de têtes. De telles possibilités de commerce se présentaient, outre celle-ci, seulement dans certaines régions limitrophes de la Hongrie; c’était par exemple le cas dans le comitat de Zaránd, d’où on envoyait des articles de bois vers la Plaine hongroise et le Banat, et où, pour citer les propos du commandant général András Hadik brossant un vaste tableau de la vie transylvaine au XVIIIe siècle: on avait réussi, en défrichant la moindre parcelle de terre, à surmonter l’indigence devenue générale partout ailleurs. Quant à la Terre sicule, «on y était plus motivé au travail parce que la condition de paysan libre y permettait d’en conserver le fruit».
Acculées à ces cadres féodaux, les petites et grandes exploitations ne pouvaient se stimuler les unes les autres et ce, malgré leurs liens de dépendance mutuelle. Le rapport entre les tenures paysannes et les terres allodiales était de 2 à 1. Le seigneur taxait toutes les formes d’activité paysanne: il entendait tourner le plus possible à son profit le pouvoir d’achat des paysans par l’usage de ses monopoles de débit de boissons et de moulin banal. Il s’attribuait soit le droit de vendre au détail les boissons pendant la plus grande partie de l’année, soit celui d’obliger l’aubergiste à vendre du vin seigneurial. Un fait révélateur des conditions arriérées de la Transylvanie: dans les domaines de la famille Bánffy, à Bonchida, près de Kolozsvár, les recettes annuelles de la vente des boissons égalaient les recettes totales provenant de la vente des blés, des foins et des bestiaux, et ce, pendant les guerres napoléoniennes, en pleine explosion du prix du blé. On n’y trouvait guère de véritable production pour le marché: dans les domaines seigneuriaux, on continue, selon la méthode traditionnelle, à stocker des réserves et à ne les vendre ou prêter aux serfs qu’en cas de disette. Quant à ces derniers, leur production marchande ne suffisait pratiquement qu’à payer les impôts.
En Transylvanie, le réseau de villes n’était pas assez important pour favoriser la production pour le marché. La population urbaine augmentait plus lentement que celle des villages. Si, au début du XVIIIe siècle, Brassó, avec ses 16 000 habitants, était la plus grande ville de la Hongrie historique, elle n’est plus, dans les années 1780, avec 18 000 habitants, que la neuvième, bien que toujours la première en Transylvanie, avant Nagyszeben et Kolozsvár qui n’en comptent que 13 à 14 000. L’urbanisation ne pouvait avancer qu’à mesure que la Transylvanie s’intégrait dans l’Empire et prenait sa part dans la division 404du travail entre l’Est et l’Ouest. La révolution des prix agricoles, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, fut surtout favorable à la Hongrie en raison de sa production fondamentalement agricole. C’était en effet la Hongrie qui «coupait» la Transylvanie des provinces héréditaires et de leurs marchés. En revanche, elle lui transmettait les techniques agricoles plus développées, dont l’accumulation, pendant plus d’un siècle, devait y permettre, vers la fin du XIXe, d’améliorer la productivité agricole et, en conséquence, de lancer l’urbanisation moderne. En attendant, les villes des comitats transylvains connurent, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, un début d’essor, dû au fait qu’une partie de la noblesse terrienne commença à s’y installer et que ses besoins «faisaient marcher» l’industrie urbaine et plus encore le commerce, car tout noble ou patricien quelque peu fortuné achetait avant tout des produits autrichiens.
Le commerce, qui devait favoriser le processus d’unification des parties orientales et occidentales, était exercé par des éléments venus de l’Empire ottoman pour s’établir dans cette région et qui avaient reçu leurs premiers privilèges des Princes de Transylvanie. Arrivés dans les années 1670, les Arméniens eurent la possibilité de fonder deux villes, Erzsébetváros et Szamosújvár, dès le début du XVIIIe siècle. Il s’y constitua toute une hiérarchie de commerçants, allant des petits détaillants, qui formaient la base, aux grands marchands de bestiaux qui faisaient amener les bœufs de Moldavie et, dans une moindre mesure, de Transylvanie, dans la Grande plaine hongroise, pour les y engraisser, puis les acheminer en direction de Vienne. Les tanneurs arméniens jouissaient d’une position privilégiée grâce à leur fabrication de bottes rouges et à leur industrie des cuirs. C’était aux Grecs (sous cette dénomination, on englobait à l’époque les Macédo-roumains, les Bulgares, les Albanais et même les Roumains de Transylvanie exerçant le commerce) qu’il revenait d’établir la liaison entre l’économie de l’Empire ottoman et celle de l’Empire des Habsbourg et, d’une manière générale, de l’Europe centrale. Ils contrôlaient entièrement l’importation des matières premières de Turquie, notamment du coton macédonien, et s’occupaient dans le même temps d’écouler au-delà des Carpates les articles produits par l’industrie artisanale et familiale des Saxons, Hongrois et Roumains. Dans les années 1770, 60% de l’exportation transylvaine étaient dirigés vers la Hongrie, un tiers vers l’Empire ottoman et le reste vers les pays héréditaires. On dirigeait vers la Turquie les articles les plus divers: des articles de consommation qui pouvaient intéresser les couches moyennes des villes et les paysans aisés; vers la Hongrie, essentiellement du drap, destiné également aux paysans riches.
Son intégration dans l’Empire des Habsbourg signifiait pour la Transylvanie surtout la sécurité. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, à mesure que s’accrut le poids de l’Empire sur le plan international, les marchands venus d’Orient cherchèrent de plus en plus à obtenir la citoyenneté autrichienne. Certes, les provinces plus évoluées, occidentales, de la Monarchie se développèrent elles aussi plus rapidement. Cette inégalité due à la division du travail interne de l’Empire était un héritage du passé que les milieux dirigeants autrichiens maintenaient consciemment en arguant de l’exemption fiscale de la noblesse hongroise. On ne saurait dire qu’ils voulaient directement entraver le développement de l’industrie transylvaine: ils favorisèrent expressément, par exemple la production de fonte dès qu’ils eurent réalisé qu’elle ne pouvait pas porter préjudice à la sidérurgie styrienne. On lui assurait également des avantages en frappant de lourdes taxes, et en écartant ainsi des marchés de la Monarchie, les produits industriels étrangers. Si le développement semblait 405plus lent en Transylvanie, cela était davantage dû à sa situation périphérique. Il n’est cependant que trop naturel que les contemporains eussent réclamé l’application d’une politique économique qui avait déjà fait ses preuves dans les provinces plus évoluées – et cela au nom de l’équité et de l’égalité des droits. Reconnaissant que leurs intérêts étaient sur ce plan identiques, des forces de Transylvanie souvent antagonistes se mirent à collaborer dans le combat contre les contraintes économiques extérieures. Leur désir de rattraper le retard se traduisit immanquablement dans leurs activités politiques.

 

 

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